Economie

Fiat-Chrysler soupçonne General Motors de vouloir torpiller son projet de fusion avec PSA

Le géant automobile de Detroit a porté plainte contre son concurrent italo-américain, qu’il accuse d’avoir corrompu les syndicats pour lui nuire. De son côté l’administration américaine s’intéresse de «très près» au projet de fusion

Dans un communiqué cité par Reuters, la société italo-américaine Fiat-Chrysler (FCA) a estimé le 21 novembre «sans fondement» la plainte pour corruption déposée contre elle par son concurrent américain General Motors (GM). Pour FCA, cette action en justice a pour but de perturber son projet de fusion avec le groupe français PSA (Peugeot, Citroën, Opel…) annoncé en début de mois.  

Au terme d’une des grèves les plus longues de son histoire et qui lui a coûté près de 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) le constructeur de Detroit a en effet entamé une action en justice aux Etats-Unis, le 20 novembre, contre FCA. GM l’accuse d’avoir corrompu les responsables du syndicat américain de l’automobile United Auto Workers (UAW) pendant des années pour faire dérailler ses négociations salariales et de lui avoir causé un préjudice de plusieurs milliards de dollars.

John Elkann, président du groupe FCA, s’est toutefois montré confiant, le 21 à Turin, lors d’une réunion des actionnaires d’Exor, la holding tentaculaire qu’il préside également, et qui contrôle, outre FCA, le célèbre club de football turinois Juventus. Celui qui est aussi appelé à diriger le futur groupe né de la fusion a déclaré : «Le procès de GM sera traité en lieu et temps voulus, mais comme nous l'avons déjà dit, il est absolument sans fondement et ne nous inquiète donc pas.» Lors de cette réunion, il a estimé que le mémorandum préparant la fusion avec PSA serait signé d’ici la fin de l’année.

Selon une note de la banque JP Morgan, GM pourrait demander au moins 6 milliards de dollars de dommages et intérêts, mais le procès pourrait s’éterniser pendant des années. Selon la même source, en cas de victoire de GM dans ce procès, Ford Motors pourrait également demander d’énorme dommages et intérêts à FCA. 

L'administration du président Donald Trump examinera de très près le projet de fusion entre Fiat Chrysler et le propriétaire de Peugeot, PSA

L’administration américaine, qui n’a pas commenté cette passe d’arme entre FCA et GM, s’intéresse en revanche au projet de fusion entre le constructeur italo-américain et le groupe français. Ainsi, au début du mois, le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, a déclaré que «l'administration du président Donald Trump examinera[it] de très près le projet de fusion entre Fiat-Chrysler et le propriétaire de Peugeot, PSA». Dans un contexte de tensions commerciales avec le Chine, il avait aussi été interrogé sur la participation significative du constructeur automobile chinois Dongfeng au capital de PSA (12,2% d'actions et 19,5% des voix) et avait répondu : «En ce qui concerne l'histoire de la Chine, nous sommes évidemment vigilants et sur nos gardes.»

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