La dette publique nette de la Russie est entrée en zone négative pour la première fois depuis 2014 – à l'époque des premières sanctions liées à la Crimée et du début de la chute des prix du pétrole.
Depuis la mi-2019, la dette publique au sens le plus large (dettes internes et externes du gouvernement fédéral, dettes des régions et des municipalités) est devenue inférieure aux actifs disponibles du «gouvernement élargi», selon l’agence d’informations économiques RBC, se basant sur les derniers chiffres du ministère des Finances et de la Banque centrale.
Au 1er août 2019, ces actifs équivalaient à 1,25% du produit intérieur brut (PIB) attendu pour 2019. En d'autres termes et comme le souligne RBC «si la Russie devait rembourser toutes ses dettes immédiatement, elle pourrait le faire en utilisant uniquement les avoirs du gouvernement auprès de la Banque centrale et des banques commerciales.»
Attention toutefois, ce taux d'endettement n'a pas le même périmètre que celui utilisé habituellement en Europe pour mesurer la dette des Etats. Par exemple pour la Russie, rapporté à son PIB, il est d'environ 15%, quand celui de l’Etat français oscille entre 98 et 99%.
Selon Anton Pokatovitch, analyste en chef chez BCS Premier, l’absence de dette nette de la Russie est un cas unique parmi les économies des pays émergents.
Ainsi, le gouvernement russe a réagi aux sanctions et à la baisse des prix des hydrocarbures (une part importante de ses ressources) en constituant des réserves, et en soumettant le pays à une discipline budgétaire particulièrement stricte. «Ce qui a été fait en matière de politique macroéconomique en Russie, de 2014 à 2019, figurera certainement dans les annales», estime pour sa part Maxime Orechkine, ministre russe du Développement économique, cité RBC.
Toutefois, cette politique a un revers : l’absence d’incitations fiscales. En 2017, les analystes de Sberbank CIB soulignaient déjà que la Russie pourrait augmenter de 50% sa dette totale sans menacer sa stabilité financière et ainsi stimuler sa croissance relativement faible (1,2%).
La croissance a retrouvé un regain de vigueur en 2018, à 2,3%, mais en raison d’effets ponctuels (investissements importants dans des installations de liquéfaction de gaz sur la péninsule de Yamal) qui font prédire au ministère un tassement à 1,3% en 2019, soit à peine plus que la moyenne de la zone euro.
Erratum : dans une version précédente, nous nous étions un peu emmêlés les pinceaux en comparant directement, et à tort, la dette nette de la Russie au taux d'endettement de l'Etat français.