L'UE a adopté le 15 juillet une série de mesures politiques et financières visant à sanctionner les forages, selon Bruxelles illégaux, auxquels procède la Turquie dans les eaux territoriales de Chypre. La mesure la plus importante est une coupe de 145,8 millions d'euros dans les fonds européens dont devait bénéficier la Turquie en 2020.
La Banque européenne d'investissement a par ailleurs été invitée à revoir les conditions d'octroi de ses financements à Ankara, selon plusieurs «sources européennes» citées par l’Agence France-Presse (AFP). L'UE va en outre réduire le dialogue de haut niveau avec Ankara, sans toutefois le rompre. L’AFP rapporte aussi les propos d’un diplomate européen de haut rang convaincu qu’«il n'est pas exclu que des sanctions ciblées puissent être adoptées à un moment ou un autre».
De son côté, le ministère turc des Affaires étrangères a déjà réagi par un communiqué selon lequel : «Les mesures adoptées (par l'UE) n'auront aucun impact sur la détermination de la Turquie à poursuivre ses activités liées aux hydrocarbures en Méditerranée orientale.» La Turquie accuse l'UE d'être «partiale» pour avoir omis de mentionner les Chypriotes turcs qui, selon la diplomatie turque, «ont des droits égaux sur les ressources naturelles de l'île». La découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit de Chypre, qui rêve de devenir à terme un acteur énergétique majeur.
Chypre est divisée en deux depuis l'invasion du tiers nord de l'île par l'armée turque en 1974 après un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce. La République de Chypre, membre de l'Union européenne, n'exerce son autorité que sur les deux tiers sud de l'île. Au nord se trouve l'autoproclamée République turque de Chypre du Nord (RTCN), soutenue par Ankara et non reconnue par la communauté internationale.
La République de Chypre a signé ces dernières années des contrats d'exploration avec des groupes d'hydrocarbures, mais Ankara réclame la suspension de toute exploration tant qu'une solution à la division de l'île n'est pas trouvée. Le ministère turc a accusé dans son communiqué l'UE d’adopter une approche «peu constructive» sur ce dossier «au lieu d'encourager les deux parties à s'entendre au sujet des ressources d’hydrocarbures».