Economie

La France insoumise trouve des alliés pour interdire l’avion quand le train est disponible

Dans un contexte de prise de conscience environnementale qui pointe la pollution due au transport aérien, des députés proposent d’interdire certaines liaisons quand une solution alternative en train est possible.

Bordeaux bientôt accessible uniquement par train ou en voiture depuis Paris ? Cela pourrait devenir réalité si l'initiative de la France insoumise soutenue par des députés d'autres groupes parlementaires était approuvée. Ainsi, en marge de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de Loi d’orientation des mobilités (LOM), la France insoumise (FI) propose d’interdire ou limiter les liaisons aériennes «entre des arrêts dont la liaison est assurée sans correspondance par un service régulier de transport empruntant le réseau ferré».

Ces restrictions s’appliqueraient dans les cas où le train permet un déplacement d’une durée au maximum supplémentaire de 2 heures 30 minutes en comparaison avec le temps prévu du trajet en avion.

Le premier argument en faveur de cette proposition est d’ordre écologique. Tout comme les initiateurs suédois du mot d’ordre Flygskam (honte de prendre l’avion) François Ruffin met en avant l’énorme décalage entre les émissions de gaz carbonique par kilomètre et par passager émises pour un trajet aérien par rapport au même trajet par voie ferrée. En s'appuyant sur les chiffres fournis par l’éco-calculateur de la direction de l’aviation civile le député LFI avance qu’un aller-retour Paris-Marseille en avion émet près de 50 fois plus de gaz carbonique que le même trajet effectué par TGV.

On trouve sur le site internet du député où est présenté ce projet de loi des exemples de trajets aériens nationaux et l’impact de la proposition de loi. Ainsi les liaisons aériennes Paris-Lyon, Paris-Marseille ou encore Paris-Nantes seraient interdites. En revanche la desserte par avion de Toulouse depuis Paris serait maintenue parce qu’elle permet d’effectuer en 1h15 un trajet qui prend 4h07 en train.

La taxation du kérosène de nouveau évoquée

Les promoteurs de cette loi disent aussi vouloir combattre une «injustice fiscale» et proclament : «Le privilège d’une minorité se construit grâce à l’effort économique de tous. Le transport aérien jouit d’une taxation des billets d’avion réduite, à hauteur de 10 % et de l’exonération de TVA sur les carburants. Les ONG estiment le manque à gagner fiscal à 3,6 milliards d’euros en 2019.»

Cette loi aurait aussi pour but de combattre une «injustice territoriale» caractérisée par la fermeture des petites lignes et petites gares et leur remplacement par des liaisons routières en autocars. Toutefois, le mouvement est beaucoup plus ancien que ne le laisse sous-entendre la proposition de loi. En effet, à la création de la SNCF en 1938 la France disposait avec 40 000 kilomètres de voies ferrées de l’un des réseaux les plus denses d’Europe sur un si vaste territoire. Elle en a depuis perdu près de la moitié essentiellement au détriment du maillage ferroviaire local.

Présenté par le député de La France insoumise François Ruffin, ce projet de loi a reçu le soutien de plusieurs députés d’autres formations comme Dominique Potier (PS), Delphine Batho (non inscrits), Sébastien Jumel (Gauche démocratique et républicaine), ou encore Sébastien Nadot (La République en marche).

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