Google a suspendu ses activités avec Huawei nécessitant le transfert de technologie, à l'exception des applications accessibles via des licences libres, selon l’agence Reuters. Cette décision fait suite à un décret présidentiel signé le 16 mai qui donne au gouvernement des Etats-Unis le pouvoir de bloquer les transactions impliquant des technologies de l'information ou de la communication à des entreprises qui «constituent un risque inacceptable pour la sécurité nationale».
Le porte-parole de Google cité par Reuters a toutefois précisé que les détenteurs des smartphones Huawei actuels dotés d'applications Google continueraient de pouvoir utiliser et télécharger les mises à jour des applications fournies par Google. Il a jouté : «Nous nous conformons au décret et en examinons les conséquences.»
Mais ces restrictions pourraient handicaper la progression du géant chinois des télécommunications sur le marché américain et même dans le monde. En effet, les futures versions de smartphones Huawei et de ses autres marques comme Honor, fonctionnant sous Android perdraient l'accès aux services les plus populaires, comme les applications Google Play Store, Gmail et YouTube.
«Huawei ne pourra utiliser que la version publique d'Android et ne pourra pas accéder aux applications et services propriétaires de Google», a déclaré la source. Huawei continuera d’avoir accès à la version du système d’exploitation Android disponible via la licence Open Source, connue sous le nom de Projet Open Source Android (AOSP), qui est disponible gratuitement. Toutefois, Google cessera de fournir à Huawei un accès, un support technique et une collaboration impliquant ses applications et services propriétaires, a précisé la source.
L'Europe, premier marché de Huawei après la Chine
Il existe environ 2,5 milliards d'appareils Android actifs dans le monde, selon Google. En 2018, Huawei a vendu environ 200 millions de smartphones dans le monde dont la moitié en Chine où les appareils de ses différentes marques fonctionnent sans les applications de Google remplacées par des concurrents nationaux tels que Tencent et Baidu.
La mesure du dommage pour Huawei n’est pas encore évaluée, mais le blocage de l’activité de ZTE entre avril et septembre 2018 est encore dans les mémoires. L’administration américaine reprochait au constructeur d'équipement de téléphonie mobile d’avoir ignoré son embargo sur les technologies contre l’Iran et la Corée du Nord en vendant dans ces pays des téléphones contenant des composants américains.
ZTE s’était retrouvée au bord de la faillite pendant trois mois après l’interdiction faite à ses fournisseurs américains de composants au premier rang desquels Qualcom de continuer à la fournir. Elle n’avait pu lever les restrictions américaines qu’au prix de la mise sur pied d’une cellule de surveillance de ses activités contrôlée par le Bureau de la sécurité et de l’industrie rattaché au département du Commerce pour une durée de dix ans.
Nouvelle étape dans l'escalade du conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis
En réaction à l’annonce de Google, Huawei a déclaré par communiqué avoir passé les dernières années à préparer un plan d'urgence en développant sa propre technologie. La mesure frappant Huawei a pour contexte un conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis qui s’est jusqu’ici concrétisé par l’annonce de nouvelles barrières douanières aux exportations.
La Chine a par exemple annoncé qu’elle imposerait des droits de douane plus élevés sur une gamme de produits américains, notamment les légumes surgelés et le gaz naturel liquéfié, une décision prise à la suite de la décision de Washington de relever ses propres prélèvements sur des importations chinoises d’un montant de 200 milliards de dollars.
Les négociations entre la Chine et les Etats-Unis sur un accord commercial sont actuellement au point mort, mais les présidents Donald Trump et Xi Jinping devraient se rencontrer lors du prochain sommet du G20 qui se tiendra au Japon en juin prochain.