Economie

Pour le FMI, les barrières douanières n’ont pas d’effet sur les déséquilibres commerciaux

Selon le Fonds monétaire international (FMI), les barrières douanières ne permettront pas de corriger les déséquilibres commerciaux. Un message implicite à l’administration Trump dans un contexte de guerre commerciale avec la Chine.

«Les tentatives pour obtenir une balance commerciale bilatérale équilibrée par le biais de droits de douane ou d'autres barrières vont probablement se heurter à des modifications compensatoires des balances commerciales avec d'autres partenaires», lit-on dans la dernière livraison du World Economic Outlook(perspectives économiques mondiales) du Fonds monétaire international (FMI) datée d’avril.

Selon cette étude, la grande majorité des variations des balances commerciales bilatérales au cours des vingt dernières années s’explique avant tout par l’effet combiné de facteurs macroéconomiques, comme les politiques budgétaires, les cycles du crédit, les politiques de taux de change et les subventions commerciales, tandis les tarifs douaniers auraient joué un rôle réduit.

Le FMI affirme aussi que la balance commerciale d’un pays (le solde de ses exportations et de ses importations) est également le reflet de la division internationale du travail. L’étude a pris en considération les résultats économiques de 63 pays sur deux décennies, de 1995 à 2015, et couvre 34 secteurs de production.

Cette étude révèle que viser des partenaires spécifiques avec des tarifs commerciaux peut en aider d’autres à tirer des avantages du «détournement des échanges», car la demande de l’Etat mettant en œuvre des mesures de protection tarifaires ne change généralement pas et doit être remplacée. Par conséquent, la balance commerciale reste «globalement inchangée».

Un «effet d'entraînement» périlleux pour l'économie mondiale

Le FMI insiste également sur l'«effet d'entraînement» qu'une forte hausse des tarifs commerciaux peut avoir dans un système commercial mondial intégré, mettant en péril l'ensemble de l'économie mondiale. «Nous constatons que des hausses de tarifs nuiraient particulièrement à la production, aux emplois et à la productivité, non seulement dans les économies qui les imposent, mais également dans d’autres pays», explique le rapport. Cette étude intervient dans un contexte de conflit commercial croissant entre les Etats-Unis.

Les décisions du président des Etats-Unis, Donald Trump, ont plongé Pékin et Washington dans un conflit commercial au printemps 2018. Donald Trump a d’abord imposé des droits sur les exportations d’acier et d’aluminium vers les Etats-Unis de la plupart des pays et a relevé les droits de douane sur les importations en provenance de Chine dans l’espoir de réduire le déficit commercial des Etats-Unis.

Jusqu'à présent, les Etats-Unis ont introduit des droits de douane sur des produits importés de Chine pour un montant de près de 250 milliards de dollars. Pékin a riposté avec des taxes sur 110 milliards de dollars de produits américains. Les mesures n'ont toutefois pas permis de réduire le déficit commercial des Etats-Unis en général, qui a encore augmenté (hors services) de 75 milliards de dollars en 2018, atteignant ainsi, à -878,7 milliards de dollars un record historique. 

Avec la Chine, les résultats ne sont pas meilleurs. Selon les chiffres du bureau du recensement, division statistique du Département du commerce, les exportations chinoises de produits vers les Etats-Unis ont atteint près de 540 milliards de dollars (480 milliards d’euros) en 2018, soit 35 milliards de dollars (31 milliards d’euros) de plus que l’année précédente. Les exportations américaines vers l’Empire du Milieu, ont, elles, reculé de 9 milliards de dollars en valeur sur la même période. Le dernier rapport de la Chambre de commerce américaine a en outre estimé que l’économie américaine pourrait perdre mille milliards de dollars d’ici dix ans à compter de la mise en œuvre des tarifs douaniers.

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