Arrêté le 1er août dernier, le Français Mark Karpelès pourrait passer encore quelques jours en cellule. Ce vendredi, la police japonaise a en effet décidé de rajouter un chef d'accusation, ce qui permet aux autorités de maintenir Mark Karpelès en prison pour encore 23 jours. «Il a un conseiller juridique, m'a expliqué le vice-consul de l'Ambassade de France», détaille la mère de Mark Karpelès, Anne, interrogée par RT France. «C'est une situation épouvantable, et je tente de remuer l'Ambassade pour le faire sortir de cellule, car ce nouveau chef d'accusation leur permet de le garder pendant encore pratiquement un mois...»
Âgé de 30 ans, né à Dijon en France, Mark Karpelès est désormais accusé de détournement de fonds, après avoir été accusé d'avoir falsifié des données dans le système informatique de la plate forme MtGox. Le jeune Français était en effet, jusqu'à février 2014 à la tête de la plus grosse plate forme d'échange de cette monnaie virtuelle créée sur ordinateur en 2009 et qui a vu sa valeur s'envoler de quelques cents à ses débuts jusqu'à plus de 1 000 dollars fin 2013. C'est sur son site que transitait 76% de la monnaie virtuelle mondiale.
La société avait stoppé ses transactions en février 2014, avant de déposer le bilan, admettant avoir perdu 850 000 Bitcoins pour une valeur de 48 milliards de yens (près de 350 millions d'euros). Nombreux sont ceux qui pensent que Mark Karpelès a en réalité dérobé cet argent. Les autorités redoutent, elles, que MtGox ait entretenu l’illusion de sa bonne santé en prélevant l’argent et Bitcoins de clients pour les reverser à d’autres.
Pour d'autres, Mark Karpelès est un «bouc-émissaire». Plusieurs banques ou États ont en effet estimé que le Bitcoin était une menace pour l'économie en place, ou même pour la sécurité intérieure, selon les États-Unis. «Ces accusation donnent en effet la sensation que mon fils doit être un exemple», affirme Anne Karpelès, qui a lancé son fils dans la programmation informatique. «Le Japon vient de faire passer une loi affirmant que le Bitcoin n'est pas une monnaie. Les Américains ont voulu saborder le Bitcoin, les Japonnais ont voulu se l'approprier... Alors oui, Mark est peut-être un symbole à faire tomber, mais je ne suis pas dans les petits papiers des gouvernements.»
Le Bitcoin a en effet, à plusieurs reprises été jugé comme dangereux par plusieurs pays. « Le Bitcoin échappe au contrôle des nations, donc il dérange », estime Anne Karpelès. Anonyme, rendant possible des transactions discrète, le Bitcoin permettait ainsi à la pègre de blanchir de l'argent, ou d'acheter des armes sur Internet. Le Bitcoin a aussi été accusé d'être un moyen de financer des organisations terroristes.
Alors où sont les Bitcoins de Mark Karpelès? Seule certitude, «des millions ont été volés», reconnaît sa mère. Et si personne ne sait actuellement où sont ces millions, qui a pu les récupérer, ils ne se sont certainement pas envolés. Sur internet, différentes thèses s'affrontent. Terrorisme, escroquerie, action d'un gouvernement... sur le site Reddit, les débats sont nombreux.
Cette dernière théorie a pris du poids récemment, lorsque deux agents fédéraux américains qui ont fait tomber le site Silk Road - un site de vente d'armes et de drogue où les échanges se réalisaient en Bitcoin - ont été inculpés de vol de Bitcoin. The Daily Best affirme ainsi que ces derniers auraient tenté de faire pression sur Karpelès pour lui extorquer des fonds. Devant son refus, ils auraient fait tomber MtGox. «Même si j'y crois peu, de l'humanité plus rien de m'étonne», élude Anne Karpelès à l'évocation de cette hypothèse. «Ce qui est certain, c'est que pour pirater son site qui était très protégé, il fallait une bonne organisation qui souhaitait faire tomber le Bitcoin, ou qui avait simplement besoin d'argent.»
Ici un tweet de Mark Karpelès révélant des échanges entre lui et un agent de la DEA.