Selon une estimation publiée mercredi par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la hausse du produit intérieur brut (PIB) a plafonné à 1,5% sur l'ensemble de 2018. Ce résultat est conforme aux dernières prévisions de l'institut de statistiques, mais inférieur à l'objectif du gouvernement, qui tablait sur 1,7% de croissance, après avoir envisagé une progression de 2% en début d’année.
«Malgré la dégradation de l'environnement international et le mouvement des gilets jaunes, la croissance française est solide. Notre politique donne des résultats», a néanmoins estimé sur Twitter le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. Le ministre avait déjà estimé, début décembre, que l'impact de la contestation sociale était une «catastrophe» pour l'économie française.
Les chiffres semblent toutefois relativiser l'impact sur la croissance du mouvement de contestation. En effet, au quatrième trimestre, elle a été identique à celle observée lors du trimestre précédent (alors que le mouvement des Gilets jaunes n’avait pas commencé). En décembre, l'Insee avait d’abord abaissé sa prévision de 0,4% à 0,2%, invoquant les conséquences du mouvement des Gilets jaunes. Mais d'après l'organisme public, la croissance a finalement atteint 0,3% en fin d'année.
Il est vrai cependant que malgré une croissance égale lors des deux derniers trimestres de l'année écoulée, la consommation a connu un net coup de frein lors du dernier trimestre.
«Le ralentissement est extrêmement marqué», juge toutefois Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjectures économiques (OFCE). Il explique que le chiffre de 1,5% est en grande partie dû à l'acquis de croissance hérité de 2017 et que sur la seule année 2018, la croissance n'a en réalité pas dépassé 1%.
Consommation en berne
Selon l'Insee, les dépenses des ménages ont fortement ralenti entre octobre et décembre. Sur l'ensemble de 2018, la consommation a augmenté de 0,8% seulement. «C'est proche de ce qu'on avait en période d'austérité», rappelle Mathieu Plane, qui attribue cette dynamique en demi-teinte aux perturbations de fin d'année, mais aussi au calendrier fiscal du gouvernement, qui a fait passer les hausses d'impôts avant les allègements fiscaux.
Autre point négatif : l'investissement, qui a lui aussi ralenti (+2,9% contre +4,7% en 2017) en raison de la baisse de l'investissement des ménages (−0,4% après −0,1%), venue contrebalancer en partie la bonne tenue de l'investissement des entreprises (+3,9%, après +4,4%).
Risques internationaux
Cette faible dynamique fait planer un doute sur la capacité de rebond de l'économie française, dans un contexte d'essoufflement de l'activité mondiale lié aux tensions commerciales entre Pékin et Washington, et aux incertitudes sur le Brexit.
Dans ses dernières prévisions, le FMI a abaissé sa prévision de croissance pour l'Hexagone à 1,5% en 2019. Le gouvernement, de son côté, table sur une croissance de 1,7%. Bruno le Maire qui se déclare conscient de la détérioration du climat économique international, estime toutefois que l'activité en France est «plus solide que celle de beaucoup de ses partenaires». Selon Bercy, l'économie française devrait ainsi bénéficier en 2019 d'une hausse de la consommation.
Un espoir du côté des mesures en faveur du pouvoir d'achat
«On a des possibilités de rebond parce que qu'il y a des mesures qui ont été prises sur le pouvoir d'achat», confirme Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision à l’institut de prévisions économiques Xerf, cité par l’AFP. Mais il ajoute : «Le climat social n'est toujours pas revenu à la normale, donc il y a toujours un point d'interrogation.»
Un avis partagé par Mathieu Plane, qui appelle à la prudence concernant 2019. «On peut s'attendre à un effet de rattrapage [mais] tout va dépendre de ce qui va se passer dans les prochains mois», estime l'économiste, qui rappelle que jusqu'à présent, «les gains de pouvoir d'achat se sont traduits par une hausse de l'épargne et non de la consommation».
L’Allemagne pessimiste pour 2019
En Allemagne, la situation n’est pas meilleure et, le 30 janvier, le ministère allemand de l'Economie a abaissé sa prévision de croissance pour 2019 à 1% de hausse du produit intérieur brut (PIB) contre 1,8% à l'automne dernier. Berlin mise désormais sur un net coup de frein par rapport aux 2,2% de croissance de 2017 puis au 1,5% de l'an dernier.
Cette révision des prévisions de croissance pour 2019 s'inscrit dans le sillage du net abaissement du pronostic de croissance du Fonds monétaire international (FMI), qui lui attend tout de même 1,3% de hausse du PIB. La première économie européenne peut néanmoins s'appuyer sur la solidité de sa demande intérieure, avec un taux de chômage qui devrait encore descendre à 4,9% cette année, contre 5,7% puis 5,2% en 2017 et 2018, et une progression attendue, de 4,8%, des revenus nets des salariés en 2019.
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