Economie

Le coût économique du mouvement des Gilets jaunes très difficile à évaluer

Si l’on en croit les déclarations des différentes organisations professionnelles, le mouvement des Gilets jaunes aurait déjà coûté plus de 15 milliards d’euros à l'économie française. Mais l’Insee ne rendra son verdict qu’en mars.

En bloquant routes et ronds-points, le mouvement social des Gilets jaunes aurait d’ores-et-déjà eu un important impact négatif sur l’activité des transporteurs routiers. Le 3 décembre dernier, quatre organisations professionnelles du transport et de la logistique avaient publié un communiqué de presse dans lequel elles évoquaient un «état d’urgence économique et social» et évaluaient les pertes du secteur à 400 millions d’euros.

Peu de temps après la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), une des quatre signataires de ce communiqué, estimait à quelque 2 milliards d'euros la perte d'exploitation pour l'ensemble du secteur. A peu près au même moment, la Fédération du commerce de détail (FCD) annonçait pour la période des fêtes les mêmes chiffres.

Mais surtout, le secteur agroalimentaire aurait été lourdement touché par les blocages. Cité par l'AFP le 14 janvier, Richard Girardot, nouveau président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) a maintenu une estimation de pertes de l'ordre de 13 milliards d'euros pour le secteur.

Enfin, plusieurs entreprises ont annoncé individuellement des pertes qu’elles attribuent au mouvement social de contestation. La compagnie aérienne Air France KLM a, par exemple, déclaré que les troubles avaient réduit ses ventes de 15 millions d'euros. Un chiffre, il est vrai, presque insignifiant rapporté aux 20,4 milliards de chiffres d’affaires réalisés en 2017 (dernier chiffre annuel connu). 

Le groupe FNAC Darty chiffre son manque à gagner à 45 millions d'euros  

Le 10 janvier le groupe de distribution spécialisée FNAC Darty annonçait pour lui seul une perte de 45 millions d’euros de chiffre d’affaires causée par la fermeture de magasins pendant les manifestations et par une diminution du nombre de consommateurs. A l’ouverture de la cote son action perdait près de 4% avant de retrouver son cours de la veille en fin de séance.

Toutefois, sans nier l’impact sur ses ventes des manifestations dans les centres villes, les déboires de Fnac Darty ont commencé bien avant le début du mouvement le 17 décembre.

Entre le 1er janvier 2018 et le 15 octobre, donc avant l’acte I, l’action FNAC Darty est passée de 104 à 60 euros, une baisse de 45% environ, plus largement due à la concurrence de géants de la vente en ligne comme Amazon.

Pour Bercy, c'est 0,1% de croissance en moins

Mais le 6 janvier le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire, invité de l’émission Le Grand Rendez-Vous diffusée sur Europe 1 a pour sa part estimé le que le mouvement des Gilets jaunes coûterait 0,1 point de croissance à l’économie française, soit environ 2,2 milliards d’euros pour l’ensemble des activités économiques. 

Il s’appuyait sur les estimations de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) réalisées en toute hâte avant la publication de sa note de conjoncture trimestrielle du 19 décembre. Toutefois, l’institut avait alors reconnu qu’estimer l’impact économique du mouvement des Gilets jaunes était «un exercice difficile et incertain» à la date de finalisation de cette note de conjoncture et ajoutait : «Très peu d’indicateurs macroéconomiques sont donc connus à ce stade.»

Quant à la Banque de France elle avait publié dès le 10 décembre un communiqué où elle anticipait une croissance de 0,2% du PIB au lieu de 0,4% prévus, mais dans le contexte d'un ralentissement général de l'activité en Europe.

Il est encore trop tôt pour calculer l’impact économique réel du mouvement des Gilets jaunes, parce qu’après une impression de baisse, la mobilisation a progressé pour l’acte IX et il est impossible de dire aujourd'hui quand le mouvement prendra fin.

L’Insee, principal institut français disposant des moyens pour tenter d’évaluer l’impact économique du mouvement des Gilets jaunes ne rendra son verdict que le 19 mars, dans le cadre de sa note de conjoncture trimestrielle.