Selon Yahya Ale-Es’haq, ancien ministre iranien du Commerce et actuel président de la Chambre de commerce irano-irakienne, dont les propos ont été rapportés le 1er septembre par l'agence de presse iranienne Mehr News, Téhéran et Bagdad ont décidé d'abandonner la devise américaine pour leurs transactions financières bilatérales.
«Le dollar américain a été retiré de la liste des monnaies utilisées par l'Iran et l'Irak dans leurs transactions commerciales», a-t-il annoncé avant de préciser que les deux pays utiliseraient dorénavant à sa plac «le rial iranien, l'euro et le dinar irakien».
Yahya Ale-Es’haq a notamment expliqué cette décision par le fait que, jusqu'alors, seule une petite partie des échanges commerciaux effectués entre les deux pays (qui correspondent à un volume minimum de huit milliards de dollars annuels) était réalisée via les institutions bancaires iraniennes et irakiennes.
Il a par ailleurs fait savoir que les entreprises des deux pays conserveraient le système d'échange existant leur permettant de troquer des marchandises contre des produits de base. Cette décision intervient un peu plus de trois mois après l'annonce par Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l'accord sur le programme nucléaire iranien.
Le porte-parole du gouvernement irakien, selon des propos rapportés par le quotidien Tehran Times, avait de son côté annoncé début août que son pays cherchait activement «un nouveau mécanisme» afin de soutenir ses relations commerciales avec l’Iran.
Grâce à l'utilisation du dollar américain lors des transactions financières à l'international, les Etats-Unis peuvent engager des poursuites hors de leur territoire. La simple utilisation du dollar permet à Washington de poursuivre toute partie à une transaction libellée en dollars qui contreviendrait à la législation américaine. Les Etats-Unis ont par exemple utilisé cet argument pour attaquer en justice plusieurs entreprises françaises (dont Alstom, qui a finalement été rachetée par General Electric au terme de longues procédures judiciaires) sur certaines de leurs transactions réalisées en dollars, bien qu'effectuées en dehors des Etats-Unis.
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