Lundi 27 juillet, 18h00 : la nouvelle tombe ! Le chômage des catégories A,B et C baisse enfin : -0,3%. Le soir même, l'air de rien, François Hollande réitère sa promesse : il ne se présentera pour un second mandat que «si le chômage baisse durablement en France». C'en est trop pour le patron des Républicains, Nicolas Sarkozy, qui dans la torpeur estivale, dénonce «une manipulation invraisemblable des chiffres» dans les colonnes du magazine Valeurs Actuelles daté du 6 août.
On l'a compris, le chômage et sa courbe seront au coeur de la bataille électorale de 2017. Mais au fil des décennies, soyons clairs, tous les gouvernements sont devenus des «experts» pour faire dire aux chiffres un peu n'importe quoi. Démonstration.
Faute avouée à moitié pardonnée ?
Commençons par les derniers en date. La «manipulation» évoquée par Nicolas Sarkozy, concerne environ 10 000 chômeurs qui ont effectivement basculé entre mai et juin des catégories A,B et C - chômeurs qui recherchent activement un emploi - aux catégories D et E - les chômeurs dispensés de rechercher un emploi. Bref, un petit tour de passe-passe bien sympathique, et bien utile, que le ministère du Travail n'a pas cherché à dissimuler expliquant d'emblée dans un communiqué officiel que des «méthodes de calcul plus affinées rendaient les chiffres du chômage du mois de juin incomparables».
Il faut dire que depuis 2012, les ministres en charge du Travail, Michel Sapin puis François Rebsamen, rivalisent chaque mois d'ingéniosité pour nous «embrouiller». Ainsi, en mars de cette année, alors que le nombre de demandeurs d'emploi de la catégorie A vient de faire un bond de 12 500, l'ex-maire de Dijon y voit, lui, une baisse ! Car, comme l'explique le Figaro, il se sert de «moyennes mobiles», des moyennes lissées qui éliminent les aspérités les moins significatives. Et hop, le tour est joué.
Michel Sapin, lorsqu'il était à Bercy, prenait également sa calculette pour mesurer des moyennes - mobiles ou non-mobiles - sur trois mois, sur un an, sur telle ou telle catégorie - au sens du BIT ou non - pour finir par constater que «la baisse du chômage était amorcée». Nous voilà rassurés.
Mais à tout maître, tout honneur, puisque tous ces stratagèmes ont déjà été utilisés par la droite, lorsqu'elle était au pouvoir. Ainsi, Nicolas Sarkozy, en campagne en 2012, constatait lui aussi une embellie sur le front du chômage... ou plutôt «une baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs». Question de rhétorique.