D'après plusieurs études, si le marché du pétrole reste dans sa position actuelle, l'Arabie saoudite pourrait se retrouver en difficulté d'ici deux ans et connaîtrait une véritable crise d'ici 10 ans.
L'échec de la stratégie saoudienne
Dans son dernier rapport de stabilité, la Banque Centrale Saoudienne constate que «les producteurs non membres de l'OPEP ne sont pas aussi sensibles aux chutes du prix du pétrole qu'[ils] l'auraient pensé».
En provoquant l'effondrement des prix du pétrole, les Saoudiens et leurs alliés du Golfe ont pourtant, certes porté un coup dur à toute une série de projets occidentaux.
La société de recherche, consulting et analyse des énergies globales Wood Mackenzie affirme en effet que les grandes sociétés pétrolières et gazières mondiales ont mis de côté 46 grands projets, pour un report de 200 milliards de dollars (183 000 euros) d'investissements.
Mais, selon les experts, le Royaume aurait très mal évalué le développement d'un concurrent énergétique redoutable : le gaz de schiste.
Le Royaume dépassé par le développement de la production de gaz de schiste
Si durant des années, l'Arabie saoudite a pratiqué des prix du pétrole très élevés, ce qui lui permettait de multiplier ses revenus, elle a aussi favorisé de fait, le développement, chez ses rivaux occidentaux, d'énergies alternatives telles que l'energie solaire et surtout le gaz de schiste.
Aujourd'hui, l'Arabie Saoudite commence à voir l'ampleur du problème : le coût de la production de gaz de schiste est particulièrement bas (deux fois moins cher que celui du pétrole) et les Etats-Unis en usent aujourd'hui à foison.
Des techniques avancées de forage permettent désormais aux frackeurs d'augmenter très fortement la production. Ainsi, des foreuses intelligentes avec puces électroniques intégrées parviennent à trouver des fissures dans la roche et de nouveaux bouchons parviennent à sauver 300 000 dollars (275 000 euros) pour un puits.
«Nous avons fait baisser les coûts de forage de 50%, et nous pouvons voir un autre 30% arriver» affirme John Hess, chef de la Hess Corporation, entreprise pétrolière américaine basée à New-York.
Le pétrole, lui, n'est pas inépuisable alors que les technologies de pointe, même si elles sont très coûteuses, n'ont pas de limite de fonctionnment en terme de temps. Ainsi, les pays de l'OPEP et notamment l'Arabie Saoudite semble prise au piège.
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L'économie saoudienne à l'aube d'un effondrement
Car alors que l'économie saoudienne repose à 90% sur sa production de pétrole, le gouvernement du royaume dépense des fortunes en subventions pour tenter d'étouffer la dissidence depuis le printemps arabe, et le roi Salmane ne regarde pas à la dépense et a récemment débloqué un bonus de 32 milliards de dollars (29 milliards d'euros) destiné aux travailleurs et retraités, tout en se lançant dans une guerre très coûteuse contre les rebelles houthis au Yémen.
De plus, les citoyens saoudiens ne paient pas d'impôt sur le revenu, intérêts ou dividendes en actions. L'essence y est très bon marché (12 centimes de dollars le litre à la pompe).
Actuellement les réserves de fonds monétaires saoudiens sont en baisse de 12 milliards de dollars par mois. Elles sont passées de 737 milliards de dollars (675 milliards d'euros) en Aout 2014 à 672 milliards de dollars (612 milliards d'euros) en mai dernier.