Economie

Perturbations à la gare Montparnasse : retour du débat autour des missions de service public ?

Le trafic est fortement perturbé en provenance et en direction de la gare Montparnasse à cause de l'incendie d'un poste RTE. Un mois après la promulgation de la réforme du rail, l'incident ravive les tensions autour de la notion de service public.

Le 27 juillet, l'incendie d'un poste RTE (Réseau de transport d'électricité) d’Issy-les-Moulineaux a impacté l'alimentation en électricité de la gare Montparnasse, à Paris, provoquant d'importantes perturbations pour les voyageurs. Si le rétablissement total de l'alimentation électrique de la gare est prévu dans les jours à venir, les perturbations liées à l'incident n'ont pas manqué de raviver sur les réseaux sociaux le débat portant sur la sauvegarde du service public. En effet, un mois tout juste après la promulgation de la réforme du secteur ferroviaire français par Emmanuel Macron, le sujet est encore frais.

La SNCF aujourd'hui sans privatisation marche très très mal

Certains n'ont pas manqué de rebondir sur l'incident pour louer ladite réforme de la SNCF. Un internaute par exemple, qui se présente entre autres comme «pro Macron», a souhaité rappeler aux «amoureux du service public» que «la SNCF aujourd'hui sans privatisation marche très très mal et que sa réforme est une nécessité».

Un autre internaute a fustigé l'«impunité des responsables de la SNCF» en s'interrogeant sur l'intérêt de défendre un service public si celui-ci «est si mauvais».

L'Etat doit rappeler à RTE que ses missions de service public passent avant la rentabilité

A l'inverse, d'autres commentateurs ont saisi l'occasion pour afficher leur attachement au service public. Un argument notamment repris au sein du paysage politique français, le député de l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan demandant par exemple à l'Etat de «rappeler à RTE que ses missions de service public passent avant la rentabilité».

Thomas Portes, responsable PCF et syndicaliste cheminot, a de son côté souhaité rappeler une notion importante à ses yeux : «Le transport est un droit. Il ne doit pas être soumis à l’économie de marché.»

Allant visiblement dans ce sens, d'autres internautes ont pointé la déterioration du service public.

Un commentateur déplore par exemple le manque d'investissement, «parce qu'on préfère laisser pourrir le service public».

Une journaliste se questionne quant à elle : «A-t-on le droit de s’interroger sur la détérioration des transports de service public sans passer pour un extrémiste ou un anti-républicain ?»

Avant sa promulgation, la réforme de la SNCF avait donné lieu à un bras de fer entre l’exécutif, qui a toujours soutenu que la réforme ne visait pas tant à privatiser le groupe qu'à l'ouvrir à la concurrence, et les opposants à la réforme qui ont, entre autres, pointé les risques de cette ouverture de la SNCF à la concurrence : «Les boites privées qui seraient mises en concurrence avec la SNCF vont rogner sur la sécurité pour gagner en profit» confiait le syndicaliste Bruno Poncet à RT France.

La réforme de la SNCF s'inscrit dans une série de «paquets ferroviaires» prévus par la Commission européenne. A l'origine de la réforme, le rapport Spinetta répondait précisément aux attentes formulées dans le quatrième paquet dont l’objectif est la libéralisation totale du transport des voyageurs par le rail en Europe.

Mi-juillet, la réforme du secteur ferroviaire français produisait déjà ses premiers effets : l’agence de notation Fitch a en effet abaissé la note de l'EPIC SNCF mobilités. En effet, en passant du statut d’entreprise d’Etat à celui de société anonyme, la SNCF a changé de catégorie d’emprunteur. Compte tenu de la très bonne réputation de solvabilité de l’Etat français, ce changement a mécaniquement abouti à une dégradation de l’appréciation de celle de l’entreprise publique vouée à devenir une société anonyme comme une autre. Un «EPIC Fail» que RT France avait pris le temps d'analyser en profondeur.

Fabien Rives

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