Le 1er mai, le magazine économique américain Forbes a publié sur son site une interview avec le président Emmanuel Macron. Alors que l’entretien porte principalement sur les réformes souhaitées par le locataire de l’Elysée, le journaliste a particulièrement insisté sur l’une d’entre elles : la suppression de l’«exit tax». La mesure, prise durant le mandat de Nicolas Sarkozy, affichait l’objectif de lutter contre l’exil fiscal en taxant les contribuables transférant leur domicile fiscal à l’étranger. Après la suppression de l'ISF, annoncée en début de mandat, Emmanuel Macron se prépare donc à porter un deuxième coup à la fiscalité française.
L’«exit tax», un frein à la «start-up nation»?
Alors que le journaliste déplore qu’une telle disposition puisse dissuader les entreprises étrangères d’investir en France, Emmanuel Macron, conciliant, affirme que «c'est une très bonne remarque». «L’"exit tax" envoie un message négatif aux entrepreneurs français plus qu’aux investisseurs», développe-t-il. Et le locataire de l’Elysée d'ajouter : «Vous êtes pénalisés si vous partez […] c'est une grosse erreur pour nos propres start-up».
Emmanuel Macron développe un argumentaire articulé autour de l'idée de «start-up nation» : «Beaucoup [de nos startups] dans le passé, quand elles considéraient que la France était moins attrayante, ont décidé de redémarrer leurs projets à l'étranger, afin d'éviter cette taxe.»
Probablement convaincu par cette démonstration, le journaliste s'interroge : «Vous voulez baisser [cette taxe] ou la supprimer entièrement ?» Catégorique, le chef d’Etat français rassure son interlocuteur : «Je ne veux pas d'"exit tax". Cela n'a pas de sens. Les gens sont libres d'investir où ils veulent.»
Par ailleurs, pour Emmanuel Macron, l'"exit tax" «n'est pas particulièrement bon[ne] pour les finances publiques françaises». Pourtant, le rendement de cet outil fiscal est plutôt élevé. Selon une note publiée en janvier 2018 par le conseil des prélèvements obligatoires, il a rapporté, en 2016, la somme de 803 millions d'euros. Un chiffre que le président français, qualifié par Forbes de «leader des marchés libres», semble ne pas avoir pris en compte dans sa démonstration.
Une annonce qui crée des remous
L'annonce inopinée du président suscite plusieurs réactions de défiance. La fiscaliste Virginie Pradel affirme par exemple que le projet du chef d'Etat français «n'a rien à voir avec la promotion de l'entrepreneuriat».
Quant aux réactions politiques hostiles, à gauche comme à droite, elles n'ont pas tardé à se faire entendre. Sur son compte Twitter, La France insoumise a dénoncé «un nouveau cadeau aux riches»
De son côté, le porte-parole du Front national Sébastien Chenu y voit la preuve qu'Emmanuel Macron «reste un banquier au service de ses très riches clients»
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, s'indigne également : «Même l'évasion fiscale n'est plus découragée.»