Economie

Brexit : une souveraineté soumise... aux hormones de croissance

Avec le Brexit, le Royaume-Uni retrouve la possibilité de négocier seul des accords de libre-échange avec des partenaires comme l'Australie et les Etats-Unis. Mais il faudrait pour cela accepter des poulets à l'eau de javel et du bœuf aux hormones.

Selon la presse britannique, l’Australie s’apprête à demander au Royaume-Uni d’autoriser l’importation de bœuf aux hormones de croissance en contrepartie d’un accord de libre-échange. C’est même un point clé, du point de vue australien, dans les négociations qui ont commencé il y a 18 mois pour mettre en place cet accord.

Depuis 1981, l’Union européenne (UE) interdit en effet, l’importation de ce type de viande au nom du principe de précaution, arguant que ces hormones représentent un risque cancérigène. Membre de l’Union européenne depuis 1973, le Royaume-Uni n’a jamais remis en cause cette interdiction et a donc fermé son marché intérieur aux importations de viande australienne, à la suite de la mise en œuvre de la réglementation sanitaire communautaire.


Si elle était acceptée cette concession aux exigences de l’industrie de la viande australienne serait un des premiers «bénéfices» de l’entière souveraineté retrouvée du Royaume-Uni. Ces révélations font suite à la visite récente, à Londres, de Steven Ciobo, ministre australien du Commerce et de l’Investissement.

L'annonce a immédiatement provoqué une levée de boucliers de la part d’organisations écologistes comme Friends of Earth (Amis de la Terre). Sa porte-parole Kierra Box, a ainsi déclaré : «Les ministres ont promis que les standards du Royaume-Uni sur la défense des animaux ne seraient pas remis en cause après le Brexit. Donc, accepter le bœuf traité aux hormones serait une absolue trahison.»

Ecologistes et agriculteurs s'insurgent contre ce projet

Les représentants du secteur agricole s’inquiètent, eux aussi, de la perspective de la levée de cette interdiction, mais au nom de la défense des intérêts des éleveurs britanniques. «Nous ne croyons pas que les Britanniques veulent voir nos fermiers mis dans une situation de concurrence désavantageuse en autorisant l’importation d’aliments produits selon des standards différents et des méthodes interdites en Grande-Bretagne», a pour sa part affirmé John Royle, conseiller de l’Union nationale des fermiers (National Farmers Union-NFU) qui regroupe les agriculteurs anglais et gallois.


Au département du Commerce international, on tente difficilement de calmer les inquiétudes et un porte-parole a déjà répondu que le gouvernement s’était clairement engagé à «maintenir ses standards élevés de protection des animaux et de l’environnement [et que] dire autre chose serait inexact».

Mais la signature de nouveaux accords de libre-échange que devait permettre la «souveraineté retrouvée» du Royaume-Uni après le Brexit semble problématique. Liam Fox, secrétaire du département du Commerce international créé depuis la décision de quitter l'UE est soumis à une forte pression pour conclure ces accords dans un délai de 18 mois (à peu près la période qui sépare le Royaume-Uni de la sortie effective de l’UE). 

Et les discussions sont mal engagées. Récemment le gouvernement a dû mettre en veilleuse les négociations pour un accord avec les Etats-Unis qui exigent comme préalable l’autorisation d’exporter des poulets lavés à l’eau de javel, ce à quoi l’opinion britannique est farouchement opposée et que le gouvernement a finalement refusé.