Selon le quotidien britannique The Times, le Royaume-Uni a demandé le 26 mars à l’Union européenne (UE) de reconsidérer son projet d’exclure, après le Brexit, le Royaume-Uni de projet Galileo. Cet investissement de plusieurs milliards d’euros dans la recherche spatiale a pour but de doter l’Europe d’un système de navigation et de géolocalisation par satellite indépendant du système américain GPS (Global positioning system). Il devrait être opérationnel d’ici 2020.
Selon le Times, Gavin Williamson, secrétaire à la Défense du Royaume-Uni, s’est dit surpris et «profondément déçu», d’apprendre que la Commission européenne prévoyait d’exclure les entreprises de défense britannique des appels d’offres liés au programme spatial européen. Selon lui, cette démarche priverait les forces armées du bénéfice de cette nouvelle technologie, nuirait à la sécurité du Royaume-Uni et même à celle de l’ensemble de l’Europe.
L'exclusion du Royaume-Uni du programme européen Galileo a déjà commencé
De passage en Estonie pour galvaniser les troupes de la «Présence avancée renforcée de l’OTAN», le secrétaire britannique à la Défense a même affirmé que ses homologues européens partageaient son point de vue et qu'ils étaient convaincus que la Commission faisait fausse route. Mais, la mise à l’écart du Royaume-Uni du projet Galileo a déjà commencé. Discrètement, il y a quelques mois, Bruxelles a fait transférer en Espagne un mini-site du programme de navigation européen qui se trouvait auparavant au Royaume-Uni. Officiellement, il s’agit de mesures de sécurité. Ainsi, la commissaire européenne à l'Industrie, Elzbieta Bienkowska, avait à l’époque déclaré : «La Commission prend les mesures opérationnelles nécessaires pour assurer la continuité des opérations et préserver la sécurité du système Galileo.»
En outre, le rôle des Britanniques dans un deuxième projet européen, Copernicus, un réseau de satellites d'observation et de surveillance de la Terre, en cours de déploiement, est incertain. Bien que distincte de l'UE, l'Agence spatiale européenne (ASE), est chargée de mettre en œuvre ces deux programmes, entre autres, et les fonds européens représentent environ 20% de son budget de 5,6 milliards d'euros, ce qui pourrait constituer un autre problème pour les Britanniques. En effet, il est obligatoire que [les entreprises qui participent, obtiennent des fonds et sont candidates à des contrats passés entre l’ASE et l’UE] fassent partie d'un pays membre de l'UE. Les entreprises spatiales du Royaume-Uni ayant déjà investi pour la seule année 2017 près de 400 millions d’euros dans la recherche sur ces programmes, une exclusion leur serait fatale.
Avant l'aéronautique, des banques et sièges sociaux d'entreprises ont quitté le Royaume-Uni
A cette inquiétude du secteur aéronautique britannique s’ajoute celle plus générale de voir les grandes entreprises internationales faire déménager sur le continent leurs sièges sociaux. Le secteur bancaire a déjà commencé à relocaliser de nombreux emplois en Europe continentale, principalement au bénéfice de Paris et d’Amsterdam ou Rotterdam. En novembre dernier, Jamie Dimon, président et directeur général de la banque américaine JPMorgan Chase & Co, avait même eu un entretien privé avec le Premier ministre britannique Theresa May et le chancelier de l’Echiquier Philip Hammond pour leur faire part de cette inquiétude et les inciter à éviter à tout prix un «Brexit dur», c’est-à-dire une sortie de l’UE sans accord commercial.
Mais le coup le plus dur est venu, il y a quelque jours, d’Unilever. Cette entreprise internationale qui possède des marques alimentaires, comme Knorr, de soin du corps comme les savons Dove ou encore de produits d’entretiens comme CIF et OMO a annoncé, le 15 mars, la fermeture de son siège à Londres pour ne maintenir que celui de Rotterdam. Tout un symbole : Unilever, en effet, est le résultat de la fusion en 1930 d’une entreprise Néerlandaise et d’une entreprise anglaise...