Objet de deux ans de négociations, l'accord sur la production de véhicules du groupe français PSA en Algérie a été paraphé en présence des ministres des Affaires étrangères des deux pays, Abdelkader Messahel et Jean-Yves Le Drian, ainsi que du ministre algérien de l'Industrie, Youcef Yousfi, et du ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, ce 11 novembre à Alger.
Les premiers véhicules sortiront dès l'an prochain d'une nouvelle usine installée dans la banlieue d'Oran, à 400 km à l'ouest d'Alger.
«L'objectif est d'avoir un site totalement opérationnel en 2019», a déclaré à l'AFP Jean-Christophe Quemard, directeur de la région Moyen-Orient et Afrique de PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall).
«D'ici cinq ans, 75 000 véhicules Peugeot et Citroën devraient sortir annuellement des chaînes de montage», a-t-il indiqué, sans vouloir préciser dans l'immédiat les modèles qui seront produits.
Le site devrait permettre, dans un premier temps, la création de 1000 emplois directs.
L'investissement total est de l’ordre de 100 millions d’euros pour la co-entreprise, détenue à 49% par PSA. Les 51% restants sont répartis entre trois sociétés algériennes, conformément à la loi.
Les entreprises étrangères ne peuvent en effet investir en Algérie sans être associées avec un ou plusieurs partenaires locaux majoritaires.
L'industrie automobile française à la conquête du Maghreb
PSA, qui ambitionne de vendre 700 000 véhicules par an d'ici 2021 dans la région Afrique/Moyen-Orient et un million d'ici 2025, a lancé en juin la construction d'une usine à Kenitra, au Maroc voisin, où 90 000 véhicules doivent être produits annuellement à partir de 2019, avec un taux d'intégration, c'est à dire de pièces fabriquées sur place, d'au moins 60%.
Renault produit déjà des centaines de milliers de véhicules dans le royaume, sur un site près de Tanger dont l'ouverture en 2012 avait suscité un tollé en France en lien avec la délocalisation.
La même année, l'industrie automobile algérienne était née d'un partenariat entre les autorités et Renault, qui a ouvert fin 2014 sa première usine «made in Algeria», là aussi dans la région d'Oran.
Le sud-coréen Hyundai et l'allemand Volkswagen sont eux installés respectivement à Tiaret et Relizane, à plus de 300 km au sud-ouest d'Alger.
Cette filière automobile est devenue une priorité pour l'Algérie, soucieuse de diversifier son économie face à la chute des prix du pétrole, source de 95% de ses devises.
Les autorités ont en outre contraint les concessionnaires à se doter d'une unité de production locale pour réduire la facture des importations.
Importations déguisées
En juillet, le prédécesseur de l'actuel ministre algérien de l'Industrie, Mahdjoub Bedda, avait toutefois dressé un bilan catastrophique de l'industrie automobile locale.
Il avait dénoncé des «importations déguisées» de véhicules en pièces détachées, simplement assemblés dans certaines usines avec peu de composants locaux, alors que parallèlement les quotas d'importation ont fait augmenter le prix des véhicules.
Les échanges commerciaux entre la France et l'Algérie atteignent environ 8 milliards d’euros par an et la France est le premier investisseur en Algérie, hors hydrocarbures, selon Paris.
Les investissements français représentent 450 entreprises, 40 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects.
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