Pôle emploi a enregistré une hausse du nombre de chômeurs sur ses listes à la fin mai, premier mois du quinquennat d'Emmanuel Macron, qui table notamment sur une réforme rapide du code du travail pour améliorer la situation.
Le nombre d’inscrits sans aucun emploi en mai en métropole a augmenté en mai de 22 300 personnes par rapport à avril, soit une hausse de 0,6%. Ils étaient 3,49 millions.
Ce chiffre représente toutefois une baisse de 0,8% par rapport à mai 2016.
En prenant en compte l'Outre-mer, le nombre de chômeurs augmente également de 0,6%, à 3,75 millions (-0,7% sur un an).
La dégradation des chiffres entre avril et mai concerne tous les âges : les moins de 25 ans (+0,3% sur un mois, mais -6,1% sur un an); les 50 ans et plus (+0,5%, +3,3%).
Le nombre des demandeurs d'emploi de longue durée, c'est-à-dire inscrits depuis plus d'un an, s'est établi à 2,44 millions, également en hausse par rapport à avril (+1%), mais en baisse sur un an (-0,4%).
Si on ajoute les personnes en recherche d'emploi mais exerçant une petite activité (chiffre totalisant les catégories A, B et C), la situation se dégrade tant sur un mois (+0,5%) que sur un an (+2,3%). Ils étaient 5,56 millions en métropole et 5,86 millions en prenant en compte l'Outre-mer.
La CGT a souligné que «non seulement le chômage ne baisse pas, mais les catégories de travailleurs précaires ne cessent d’augmenter». «Et le code du travail n'y est pour rien», a renchéri Force ouvrière.
Les nouveaux chiffres du chômage n'ont donné lieu à aucun commentaire de la part du gouvernement.
À l'inverse de ses prédécesseurs, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a décidé en effet de ne plus s'exprimer sur cet indicateur mensuel de Pôle emploi. Selon elle, «[il] ne reflète pas bien l'évolution du marché du travail» car il «peut être affecté, chaque mois, par différents événements de nature administrative».
Ce n'est d'ailleurs pas le ministère du Travail qui a diffusé les nouvelles données, mais son service des statistiques, la Dares.
Une réforme du code du travail à vitesse grand V ?
Muriel Pénicaud n'avait pas davantage commenté le 20 juin les prévisions optimistes de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sur le chômage, des chiffres considérés comme une référence puisqu'ils reprennent les normes du Bureau international du travail (BIT).
Selon l'Insee, le taux de chômage va poursuivre la baisse entamée en 2015 pour s'établir à 9,4% de la population active fin 2017, contre 10% un an plus tôt. Emmanuel Macron, lui, vise un taux de 7% à la fin de son quinquennat, en 2022.
Le président compte, entre autres, sur la réforme du code du travail en cours, qui doit faire l'objet d'ordonnances d'ici au 20 septembre. Suivra une autre réforme, celle de l'Assurance chômage.
Au menu de celle du code du travail figurent des mesures clivantes : fusion des instances représentatives du personnel, modification des modalités de licenciement économique ou mise en place de planchers et plafonds «obligatoires» pour les indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif.
Cette réforme est lancée un an à peine après la promulgation de la très controversée loi travail, perçue par une majorité de syndicats comme insuffisamment protectrice pour les salariés.
Le 28 juin, le projet de loi d'habilitation à réformer par ordonnances le code du travail sera examiné en Conseil des ministres. Parallèlement, une concertation entre le ministère du Travail et les partenaires sociaux va se poursuivre tout l'été.
«Nous voulons aller vite», a rappelé récemment la ministre du Travail dans le JDD, soulignant que «les mesures adoptées feront l'objet d'une application immédiate».
FO lui a rétorqué toutefois que «favoriser les licenciements n'a jamais encouragé les embauches».
Lire aussi : Après les législatives… attention à la Marche
Pour le Medef au contraire, la hausse du chômage «montre qu'il faut continuer résolument la baisse de charges engagée par le pacte de responsabilité, et enclencher sans plus tarder les réformes structurelles», à commencer par celle du code du travail.