Economie

Canada : Justin Trudeau veut vendre un fleuron industriel à la Chine et déclenche une polémique

Le Premier ministre canadien est au Parlment sous le feu des critiques de l'opposition qui a réclamé le 13 juin, au nom de la sécurité nationale, le rejet de la vente à un groupe chinois d’un fleuron technologique canadien.

Le gouvernement a approuvé début juin l'achat de Norsat, société d'équipements et de transmissions satellites, par Hytera Communications au terme, selon Justin Trudeau, «d'une évaluation attentive» des risques en matière de sécurité nationale.

Mais les partis d'opposition, deux anciens hauts responsables des services de renseignement, ainsi qu'une commission du Congrès américain ont exprimé leur vive préoccupation concernant la vente de Norsat, qui compte parmi ses clients le Pentagone et l'armée taïwanaise.

La transaction est pour l'instant en suspens, Norsat ayant accepté le 12 juin d'examiner une offre d'un fonds spéculatif américain, supérieure de 2% aux 66 millions de dollars américains proposés par la société chinoise.

«Le Premier ministre compromet notre sécurité nationale», a accusé le 13 juin le chef de l'opposition conservatrice, Andrew Scheer.

Justin Trudeau se défend

«Nos experts en sécurité nationale ont évalué la transaction et la technologie et conclu qu'il n'y avait pas de préoccupations concernant la sécurité nationale», a assuré le Premier ministre en refusant de revenir sur le feu vert de son gouvernement.

«En plus, nous consultons nos alliés et dans ce cas précis, nous avons directement consulté les Etats-Unis», a ajouté le jeune chef du gouvernement canadien lors de la séance des questions à la chambre des Communes.

L'opposition soupçonne le gouvernement d'avoir rapidement approuvé la cession pour plaire à la Chine, avec qui le Canada envisage de conclure un accord de libre-échange.

Les conservateurs comme les sociaux-démocrates réclament un examen complet des risques, conformément à la loi sur les investissements étrangers au Canada.

«Comment le Premier ministre peut-il prétendre qu'il n'y avait pas de préoccupations pour la sécurité nationale s'il n'y a jamais eu d'examen en matière de sécurité nationale», a tonné le chef de l'opposition sociale-démocrate, Thomas Mulcair.

«L'approbation par le Canada de la vente de Norsat à une entité chinoise soulève des inquiétudes significatives pour la sécurité nationale des Etats-Unis puisque la compagnie est un fournisseur de nos armées», avait confié au quotidien Globe and Mail le 12 juin Michael Wessel, membre d'une commission du congrès chargée d'examiner les relations économiques et en matière de sécurité avec la Chine.