La Commission européenne et le gouvernement italien ont conclu, ce 1er juin 2017, un accord de principe portant sur le plan de restructuration élaboré par Rome en mars dernier pour renflouer la banque italienne Monte Paschi di Siena (BMPS), maillon le plus faible d'un secteur bancaire italien qui menace toujours de s'écrouler.
Dans ce qui ressemble fort à une nationalisation de facto, comme le souhaitait le gouvernement italien, l'Etat prévoit d'injecter 6,6 milliards d'euros d'argent public dans les fonds propres de la banque en échange d'une participation d'environ 70% au capital. Restera encore, selon les informations rendues publiques à faire appel au marché pour trouver encore 2,2 milliards d'euros. Enfin, le plan prévoit de venir en aide aux 42 000 petits épargnants détenteurs d'obligations dépréciées et qui leur avaient été vendues par la banque.
Le gouvernement italien va ainsi injecter 6,6 milliards d'euros pour sauver de la faillite la banque, dont la cotation du titre est suspendue depuis fin décembre 2016. A l'issue de l'opération, l'Etat détiendra environ 70% du capital de la BMPS, laissant les 30% restant à des investisseurs institutionnels. Mais quelque 5 000 emplois sur 25 000 pourraient être supprimés dans la restructuration imposée par Bruxelles en échange de la validation du plan de sauvetage public.
Les banques italiennes sous tutelle européenne
La Monte Paschi n'est pas la seule malade du secteur bancaire italien, plombé par des créances douteuses, c'est-à-dire des prêts consentis à des agents économiques insolvables, qui pèsent aujourd'hui sur leurs bilans comptables.
Deux autres banques inquiètent les observateurs : la banque vénitienne Veneto Banca et la Banca Popolare di Vicenza, qui pour l'instant ne bénéficient pas de la même mansuétude de la part des instances européennes. Contrairement au plan prévu pour la Monte Paschi, la Commission européenne exige pour ces deux banques que le renflouement ne vienne pas seulement du trésor italien, mais aussi d'investisseurs privés.
De fait, depuis la mise en place du Mécanisme de supervision unique (MSU) européen en 2013, puis de l'Union bancaire européenne en avril 2014, le sort des banques des Etats membres, et de l'Italie en particulier, se joue directement à Bruxelles et à Francfort, siège de la BCE et du MSU.
Fin mars 2017, l'organisation non gouvernementale (ONG) Transparency International avait épinglé le pouvoir exorbitant de la BCE dans la gestion de la crise financière depuis 2008. «La BCE s'est avérée être l'acteur principal dans la crise de l'euro, avec un degré de latitude d'action extraordinaire», mais «sans la surveillance démocratique appropriée», avait estimé les auteurs du rapport publié le 28 mars.
Alexandre Keller
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