Traditionnellement, la City de Londres servait de tête de pont européenne aux grandes banques et aux fonds d'investissement américains. Mais, pour conserver leur pied dans l'Union européenne (UE), ceux-ci vont devoir procéder à des transferts de leurs employés et de leurs opérations après la décision du Royaume-Uni de sortir de l'Union.
Pour essayer de récupérer une partie de ces activités, le nouveau président français a fait parvenir le 23 mai un message à Wall Street par la voix de l'ancien gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
«Aujourd'hui, la France est prête à poursuivre et à accentuer ses réformes et à accueillir les entreprises financières internationales que vous représentez», a lu en anglais et de la part d'Emmanuel Macron, celui qui joue le rôle de VRP pour Europlace Paris.
Des débuts qui contrastent avec ceux de François Hollande
Cette invitation adressée à quelques dizaines de banquiers, de gérants d'actifs et de responsables de fonds d'investissements américains réunis dans un grand hôtel new-yorkais tranche avec les débuts de son prédécesseur François Hollande. Celui-ci, avant d'être élu, s'était posé en «adversaire» de la finance.
«Le résultat de l'élection française change la donne, un changement radical pour l'image de la France dans le monde et notamment ici aux Etats-Unis on le constate dans tous les contacts qui sont les nôtres depuis 15 jours», a estimé Arnaud de Bresson, délégué général d'Europlace.
De fait, les intervenants ont fait l'article en détaillant les promesses économiques d'Emmanuel Macron et notamment celles concernant la fiscalité et le marché du travail.
«Il a été très critiqué pour avoir été un banquier mais pour ce que l'on à faire ensemble, avoir été un banquier est un avantage», a mis en avant Jean-François Serval, du cabinet Constantin - Serval & Associés.
En coulisses, les tractations vont bon train depuis plusieurs mois pour attirer les grandes banques américaines à Paris.
Le résultat de l'élection présidentielle française, perçu à New York comme l'échec des partis populistes et anti-européens, a dégagé le terrain pour les promoteurs de la place de Paris. «Ils se sont fait très peur avec ça et effectivement cela les a rassurés», explique ainsi Christian Noyer.
Londres et l’Asie en ligne de mire
En plus de New York, où ils se rendent régulièrement, les promoteurs de la place de Paris ont rencontré les milieux financiers londoniens et asiatiques et s'intéressent à la direction que comptent prendre les grandes banques suisses.
Mais Paris n'est pas seule en lice. Elle affronte des concurrents déterminés, en premier lieu la ville allemande de Francfort, capitale économique de la première économie européenne et qui abrite la Banque centrale européenne (BCE).
Dublin et Amsterdam, toutes deux situées à peine à plus d'une heure d'avion de Londres, sont également sur les rangs, tout comme, dans une moindre mesure, Luxembourg et Bruxelles où siègent des institutions européennes.
Principal enjeu : récupérer les salles de marchés pour l'Europe car ce sont autour d'elles que se structurent équipes et activités importantes alors que les autres divisions des banques peuvent être plus facilement dispersées sur plusieurs sites, selon Christian Noyer.
En cas de Brexit «dur», le secteur bancaire londonien pourrait ne plus pouvoir accéder sans entrave au marché de l'UE. Les établissements n'auraient plus le fameux passeport européen qui permet de vendre un produit financier dans l'ensemble de l'UE après l'approbation d'un seul des 28 régulateurs nationaux.
Pour l'instant aucune des cinq grandes banques américaines, qui emploient 40 000 personnes à Londres, n'a fait le choix de Paris. Seule la britannique HSBC a annoncé que 1 000 emplois supplémentaires seraient créés en France.