Economie

Les Suisses tournent le dos au nucléaire

Les Suisses ont décidé de sortir à moyen terme du nucléaire en acceptant par référendum à 58,2% une nouvelle loi sur l'énergie, interdisant les nouvelles centrales, encourageant les énergies vertes et réduisant la consommation énergétique.

La consultation populaire qui s'est tenue le 21 mai en Suisse a accouché d'un résultat sans appel : 58,2% des votants ont accepté la nouvelle loi sur l'énergie, déjà adoptée par le Parlement en septembre 2016, qui prévoit de tourner progressivement le dos au nucléaire et de favoriser son remplacement par des énergies renouvelables.

«Pour tous les écologistes, qu'ils soient politisés ou non, c'est un jour historique dans le pays», a déclaré la députée des Verts, Adèle Thorens Goumaz, à la télévision publique suisse, RTS. «La Suisse va entrer dans le XXIe siècle énergétique, ce sera un signal fort», a-t-elle ajouté.

Quelques semaines après la catastrophe de Fukushima en mars 2011, la Suisse, qui compte quatre centrales (cinq réacteurs nucléaires) produisant environ un tiers de l'électricité du pays, avait décidé de sortir du nucléaire d'ici 2034, tout en concédant que cette date restait théorique. Les autorités avaient précisé que les centrales devraient vraisemblablement être débranchées après environ 50 ans, voire 60 ans, d'exploitation.

Depuis cette décision, le gouvernement suisse a travaillé à l'élaboration d'une nouvelle stratégie énergétique, dont la mise en œuvre est prévue par étapes d'ici 2050.

Favoriser les énergies renouvelables au détriment du nucléaire

La loi validée par référendum le 21 mai, qui soutient les énergies renouvelables comme le solaire, la géothermie et la biomasse, interdit en revanche la construction de nouvelles centrales nucléaires. Les centrales existantes pourront toutefois rester en service aussi longtemps que leur sûreté sera garantie.

Ce vaste programme avait déjà été accepté par le Parlement l'automne passé, mais le parti majoritaire de droite dure, l'Union démocratique du centre (UDC), avait recueilli suffisamment de signatures pour contester l'entrée en vigueur de la loi et contraindre l'exécutif à consulter le peuple. Ses arguments ? Cette nouvelle législation entraînerait des coûts importants, menacerait l'approvisionnement énergétique du pays et défigurerait le paysage compte tenu de la multiplication des éoliennes et des panneaux solaires.

Débat sur le coût

D'après l'UDC, la transformation de l'ensemble du système énergétique inscrite dans la nouvelle loi va coûter quelque 200 milliards de francs suisses (183 milliards d'euros) jusqu'en 2050. Pour un ménage de quatre personnes, cela représente, selon ce même parti, 3 200 francs suisses (2 900 euros) par an de frais et de taxes supplémentaires.

«Payer 3 200 francs de plus [...] pour une douche froide ?», a ainsi ironisé l'UDC sur ses affiches électorales placardées dans tout le pays.

Le gouvernement estime de son côté qu'un ménage de quatre personnes ayant une consommation électrique moyenne devra payer 40 francs suisses (36,5 euros) par an de plus qu'aujourd'hui. Il souligne par ailleurs que ce surcoût pourra être compensé par une meilleure efficacité énergétique, avec par exemple une réduction des frais de chauffage. Enfin, l'exécutif helvétique considère que le développement des énergies renouvelables permettra de soutenir l'économie et l'emploi dans le pays.