Economie

La Chine se dit prête à octroyer 113 milliards d’euros aux projets des «Routes de la soie»

Xi Jinping reçoit 29 chefs d'Etat et de gouvernement à Pékin afin de lancer officiellement le forum international des Routes de la soie, un gigantesque projet qui est censé relier la Chine à l'Europe en matière de commerce et de géostratégie.

Le président chinois a lancé le 14 mai à Pékin un sommet international consacré aux «Nouvelles routes de la soie» tenu sous le slogan «Une ceinture, une route», auquel participent les dirigeants de 29 pays, dont ceux de la Grèce, de la Russie, de la Turquie, de la Biélorussie et de la République tchèque. Lors de la cérémonie d’ouverture, Xi Jinping a fait savoir que la Chine allait investir 250 milliards de yuans (113 milliards d’euros) dans des projets favorisant à la fois la croissance économique et le développement durable.

«Nous allons construire une plateforme ouverte de coopération, soutenir et alimenter une économie mondiale ouverte», a annoncé Xi Jinping dans son discours prononcé lors de la cérémonie d'ouverture du Forum.

Il a comparé l'ouverture d'un pays à ce processus à celui «d'un papillon sortant de sa chrysalide», sous-entendu qui expérimente une douleur, des difficultés à court terme mais qui jouit ensuite d'une nouvelle existence.

«Nous devons créer ensemble un environnement facilitant l'ouverture et le développement, établir un système juste, équitable et transparent de règles en matière de commerce et d'investissements internationaux et permettant une circulation ordonnée des facteurs de production, une répartition efficace des ressources et une intégration totale des marchés», a-t-il appelé de ses vœux, en précisant que la Chine saluait les efforts d'autres pays visant à développer des économies ouvertes, participer à la gouvernance mondiale et fournir des biens publics.

«Ensemble nous pouvons construire une vaste communauté d'intérêts communs», a-t-il conclu.

Poutine : «Nous ne pouvons surmonter des défis modernes en utilisant d’anciennes approches»

Le président russe Vladimir Poutine, à qui Xi Jinping a notamment accordé une rencontre bilatérale, s'est aussi exprimé à l'occasion de l'ouverture du forum, déclarant que le «protectionnisme» constituait une menace pour l'économie mondiale.

«Les idées d'ouverture et de libre-échange sont de plus en plus souvent rejetées aujourd'hui, notamment par ceux qui les soutenaient encore récemment. Les déséquilibres dans le développement social et économique et la crise de l'ancien modèle de mondialisation ont des répercussions négatives sur les relations internationales, ainsi que sur la sécurité internationale. Nous ne règlerons pas ces défis si on ne surmonte pas la stagnation et l'immobilisme dans le développement économique», a déclaré le président russe.

«Nous ne pouvons surmonter les défis modernes en utilisant des approches d'un autre temps. Nous avons besoin d'idées nouvelles. Nous devons abandonner tous les stéréotypes», a-t-il encore ajouté.

D’après le service de presse du président russe, Vladimir Poutine a présenté la vision russe du développement des projets de la Route de soie, notamment concernant la construction de routes à travers le territoire russe. Il a également fait part de sa volonté de renforcer les liens entre les pays de la région pacifique et la Russie dans le domaine de l'énergie en créant un «cercle énergétique» entre la Russie, le Japon, la Chine et la Mongolie.

Le projet «Routes de la soie» a été proposé pour la première fois par le président chinois Xi Jinping dès l'automne 2013. Il implique la création de réseaux d'infrastructures de transport globales réunissant jusqu'à 60 pays sur trois continents — en Asie, en Europe et en Afrique. En mai 2015, durant la visite de Xi Jinping à Moscou, la Russie et la Chine avaient signé une déclaration conjointe de coopération à ce sujet et avaient même avancé plusieurs initiatives conjointes lors des forums économiques orientaux suivants. 

La Chine envisage la création de six couloirs économiques : Bangladesh-Chine-Inde-Birmanie ; Chine-Mongolie-Russie ; Chine-Asie Centrale-Asie Occidentale ; Chine-péninsule indochinoise ; Chine-couloir économique pakistanais et Chine-Nouvelle route de la soie.

Mais tout le monde ne paraît pas emballé par le projet chinois. Washington n'a envoyé qu'une maigre délégation menée par le conseiller de la Maison Blanche Matt Pottinger, tandis que l’Allemagne et le Royaume-Uni sont représentés par leurs ministres des Finances. La France a pour sa part dépêché le sinophile ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.