A l'ouverture, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, la Bourse de Paris décollait de 4,1%, celle de Madrid de plus de 3%. Suivant la même tendance, Francfort prenait 2,06% et Londres 1,37%.
Ce sont les valeurs bancaires qui profitaient le plus de l'enthousiasme ambiant. BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Agricole s'adjugeant près de 8% dans les premiers échanges parisiens. La britannique Barclays, l'italienne Unicredit ou encore l'allemande Deutsche Bank connaissaient aussi de fortes progressions.
Sur le marché obligataire, le taux d'emprunt français à 10 ans a chuté à 0,825%, son plus bas niveau depuis mi-janvier, avant de remonter légèrement. Plus significatif, l'écart de taux avec le Bund allemand à même échéance, qui sert de référence, s'est nettement rétréci, témoignant de l'optimisme des investisseurs quant à la qualité de la dette française et leur goût retrouvé pour le risque.
Arrivé en tête avec 23,86% des voix, l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande et ancien banquier, a légèrement devancé la candidate FN Marine Le Pen (21,43%), selon les résultats globaux (hors Français de l'étranger) du ministère de l'Intérieur.
Ballotage favorable pour les marchés
«C'est le scénario parfait dont le marché rêvait désespérément», a commenté pour l'agence Bloomberg News Sebastien Galy, analyste chez Deutsche Bank AG à New York, d'autant plus après le vote du Brexit en juin dernier au Royaume-Uni et l'accession du protectionniste Donald Trump à la Maison Blanche outre-Atlantique.
«Ballotage favorable pour les marchés», soulignent les analystes de la banque Natixis, qui ajoutent que les investisseurs devraient être «largement soulagés».
L'euro en hausse
Avant l'ouverture des Bourses européennes, l'Asie avait donné le tempo, Tokyo finissant par exemple en hausse de 1,37%, tandis que les autres places de la région étaient elles aussi dans le vert.
L'euro, devenu un enjeu central de l'élection entre candidats défendant la monnaie unique et ceux souhaitant voir la France retrouver une devise nationale, a bondi de 2% par rapport au 21 avril, jusqu'à 1,0937 dollar, son plus haut niveau depuis novembre 2016, après la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis. Il retombait ensuite autour de 1,0860 dollar.
Vis-à-vis de la devise nippone, délaissée quand les incertitudes se dissipent, la monnaie unique est montée à 120,91 yens, contre 117,07 yens en fin de semaine dernière, avant de repasser sous la barre des 120 yens. Le dollar a lui aussi grimpé, à 110,64 yens (contre 109,15 yens).
«La réaction initiale des marchés a été plus forte que prévu, signe qu'ils étaient sur leurs gardes», a souligné auprès de l'AFP Yuji Saito, analyste des changes au Crédit Agricole, basé à Tokyo. «Il y avait de quoi être prudent. C'était une course serrée entre quatre candidats à l'issue difficile à prédire.»
En ce qui concerne le second tour, le jeu semble déjà fait pour les investisseurs. «Ils considèrent pour acquis qu'Emmanuel Macron, 39 ans, deviendra le prochain président de la République dans deux semaines», a affirmé dans une note Ray Attrill, de la National Australia Bank.
Selon deux sondages publiés dans la soirée du 23 avril, Emmanuel Macron, ex-banquier qui se veut «ni de droite ni de gauche», s'imposerait avec 62 ou 64% des voix le 7 mai. L'écrasante majorité de la classe politique française a appelé à «faire barrage» à l'extrême droite, qualifiée pour la deuxième fois dans l'histoire du parti Front national après 2002.