Economie

Transparency International dénonce les pressions politiques de la BCE sur les pays en crise

La Banque centrale européenne (BCE) s'est retrouvée depuis 2008 en position d'influencer des pays affectés par la crise en conditionnant des réformes économiques à son soutien financier «sans la surveillance démocratique appropriée», estime l'ONG.

«La BCE s'est avérée être l'acteur principal dans la crise de l'euro, avec un degré de latitude d'action extraordinaire», mais «sans la surveillance démocratique appropriée», estime l'ONG Transparency International (TI) dans un rapport publié le 28 mars.

L'ONG a certes loué l'institution de Francfort pour avoir apporté un soutien sans faille à la zone euro depuis le début de la crise en 2008, en défendant, par sa politique monétaire, les pays membres contre les spéculations des marchés et en écartant les risques de déflation.

Mais ses succès ont leur revers, poursuit TI, la BCE s'étant retrouvée en position d'influencer des pays affectés par la crise comme la Grèce, l'Espagne, l'Italie ou l'Irlande, en conditionnant des réformes économiques à son soutien financier.

Pour certaines décisions controversées, comme celle des achats de créances publiques, la Banque centrale devrait par exemple demander le feu vert d'une instance politique telle que l'Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro, et le Parlement européen.

L'ONG plaide pour «une réforme de fond de la gouvernance dans la zone euro en général»

La BCE devrait généralement être plus transparente en publiant chacune de ses décisions, recommandations ou opinions, mettre à jour sa politique de dénonciation des fraudes au sein de l'institution et surveiller de plus près quelles fonctions prennent ses anciens gouverneurs une fois leur mandat achevé, préconise Transparency International.

Sur le long terme, l'ONG plaide pour «une réforme de fond de la gouvernance dans la zone euro en général», dans le cadre de laquelle la BCE, dont l'indépendance est fixée dans le traité de Maastricht, serait contrainte à rendre compte de ses décisions.

«C'est le devoir de toute institution européenne de renforcer sa légitimité en augmentant sa responsabilité démocratique et en montrant qu'elle remplit les objectifs qui lui ont été fixés», a réagi le président de la BCE Mario Draghi, cité dans un communiqué, soulignant toutefois que «certaines demandes» du rapport ne figurent pas dans le mandat confié par le traité de Maastricht.

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