Economie

Espagne : l'ex-directeur du FMI Rodrigo Rato condamné à quatre ans de prison

Rodrigo Rato, ex-patron du Fonds monétaire international, a été condamné le 23 février à Madrid à quatre ans et demi de prison pour détournement de fonds au sein des banques espagnoles qu'il présidait de 2010 à 2012.

Rodrigo Rato, a été condamné dans l'affaire dite des «cartes Black», pour laquelle étaient jugés 65 anciens dirigeants et membres des conseils d'administration de Caja Madrid et Bankia pour avoir détourné 12 millions d'euros grâce à des cartes bancaires non déclarées entre 2003 et 2012.

Les ex-dirigeants étaient accusés d'avoir détourné au total plus de 12 millions d'euros entre 2003 et 2012, en utilisant à leur guise ces cartes bancaires «occultes» pour régler des dépenses purement personnelles sans jamais les déclarer au fisc : pleins d'essence, courses au supermarché, voyages de luxe, sacs de luxe hors de prix ou soirées en boite de nuit.

L'affaire avait fait scandale dans une Espagne en crise, d'autant que ces malversations s'étaient poursuivies alors que les difficultés s'accumulaient pour Bankia, sauvée de justesse de la faillite en 2012. L'Etat avait dû lui injecter plus de 22 milliards d'euros de fonds publics, précipitant un sauvetage européen du secteur bancaire de plus de 40 milliards.

S'il fait appel de cette décision, l'accusé pourrait échapper à une incarcération immédiate. C'est ce qu'a fait par exemple le beau-frère du roi d'Espagne, Inaki Urdangarin, laissé libre le 23 février après avoir été condamné la semaine dernière à plus de six ans de prison dans une affaire de corruption.

Cependant, la justice espagnole avait décidé en janvier d'envoyer en prison cinq ex-dirigeants d'une Caisse d'épargne, également condamnés à deux ans pour détournements, afin de ne pas favoriser «l'impunité».

Aujourd'hui âgé de 67 ans, Rodrigo Rato avait été le ministre de l'Economie d'Espagne et un pilier du Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy, actuellement au pouvoir. 

Vice-président du gouvernement de José Maria Aznar de 1996 à 2004, il avait ensuite dirigé le FMI jusqu'en 2007. 

L'affaire n'est qu'un volet de l'énorme dossier judiciaire Bankia. Rodrigo Rato est par ailleurs poursuivi pour escroquerie, abus de biens sociaux, faux en écriture et usage de faux.

Car sa courte carrière de deux ans comme banquier avait débouché sur le plus grand scandale bancaire de l'histoire de l'Espagne : la constitution controversée de Bankia par la fusion de caisses d'épargne déjà en difficultés, dont Caja Madrid, son introduction en Bourse désastreuse et présumée frauduleuse, puis sa nationalisation forcée. 

Au cours du procès, l'accusé Rato avait présenté comme «parfaitement légal» le système des cartes non déclarées, plaidant qu'il existait avant son arrivée à la présidence de Bankia en 2010. 

Selon l'accusation, Rato avait maintenu le «système corrompu» établi dès 1999 par l'ancien président de Caja Madrid, Miguel Blesa, puis l'avait reproduit au sein de Bankia.