Deux années parsemées d’attentats et de mouvements sociaux avaient fait craindre le pire pour le tourisme dans l’Hexagone. Si la baisse est là, force est de constater que la France résiste et qu’elle n’a pas quitté la première marche du podium des destinations touristiques mondiales. En 2016, ce sont entre 82,5 et 83 millions de visiteurs étrangers qui ont foulé le sol français. En comparant au record de 85 millions de touristes internationaux qui avaient visité l'Hexagone en 2015, cela représente tout de même une baisse comprise entre 2,3 et 2,9%.
«2016 va rester une année à part, à cause des attentats, des intempéries et des mouvements sociaux», a estimé le ministre Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères qui est également chargé du tourisme.
Alors qu’il était en déplacement le 10 février à Biarritz et Bayonne, il s’est félicité de cette résistance en matière touristique. «La destination France a souffert», mais la fréquentation estimée pour l'année écoulée assure «à la France encore la place de première destination touristique mondiale» devant les Etats-Unis et l'Espagne, a-t-il souligné.
Ces chiffres moins mauvais que l’on ne pouvait le craindre ont même provoqué un regain d’optimisme. L’objectif de 100 millions de touristes étrangers d'ici 2020 est toujours d’actualité. Il avait été fixé en juin 2014. C’était avant Charlie, le Bataclan, Nice et tous les tragiques événements qui ont secoué l’Hexagone ces deux dernières années.
Les Japonais de retour en force
Dans le détail, le locataire du Quai d’Orsay s’est réjoui du «retour massif de la clientèle japonaise». Cette dernière avait été particulièrement refroidie par les attaques terroristes de 2015 et 2016.
Au rayon nuitées, Jean-Marc Ayrault a parlé d’un «rebond évident fin 2016». Et en ce début d’année 2017, les réservations aériennes sont «en hausse de 10,4% vers Paris au premier trimestre».
«On a vraiment amorcé un redressement à partir de septembre/octobre, et la fin de l'année, novembre et décembre, a été meilleure que prévu», a confirmé Christian Mantei, directeur général d'Atout France, l'organisme de promotion du tourisme dans l'Hexagone.
Paris tire son épingle du jeu. La reprise «se confirme en se renforçant en janvier et février, avec notamment des chiffres qui se redressent dans la capitale», explique Christian Mantei.
Les professionnels de l’hôtellerie ont de quoi garder le moral. Surtout dans la capitale qui a souffert plus que les villes de province de la désaffection des touristes. Comme le rappelle le ministère des Affaires étrangères, il ne faut pas «minimiser l'impact de cette année difficile sur les professionnels, notamment dans l'hôtellerie avec -5,7% pour les nuitées».
Roland Héguy, président de la principale organisation du secteur, l'Umih, a la même analyse : «2016 a été une année difficile pour nos entreprises, surtout à Paris et sur la Côte d'Azur.» Les deux zones touchées par les attentats les plus meurtriers que la France ait jamais connu.
Objectif 2017 et… 2020
Il appelle dorénavant à mettre les bouchées doubles soulignant que la baisse de fréquentation dans l'Hexagone «était attendue par les professionnels», tout en la qualifiant de «contenue». Maintenant, «cap sur 2017». «Nous devons redoubler d'efforts pour rattraper notre retard et pour atteindre l'objectif de 100 millions de touristes en 2020», a expliqué Roland Héguy.
Le 7 février, l’Insee avait chiffré pour la première fois la reprise observée par de nombreux professionnels du tourisme en fin d'année : le nombre de nuitées cumulées par les touristes étrangers et français a progressé de 2,9% sur les trois derniers mois de 2016. Cela représente un niveau plus élevé qu'il y a deux ans à la même époque, soit avant les attentats.
Mais il sera difficile d’y voir vraiment clair avant le mois d’avril. C’est à cette période que l’organisme chargé des statistiques officielles communiquera son chiffre définitif concernant 2016. Reste que si l’on cumule les données provisoires déjà publiées trimestre par trimestre, le recul des nuitées de touristes étrangers affiche pour l'instant -6,8% par rapport à 2015.