Economie

«Brexit dur» : la Grande Bretagne va quitter le marché unique selon Theresa May

Dans un discours très attendu, le Premier ministre britannique a présenté sa vision du Brexit le 17 janvier à Londres. Elle a annoncé que la Grande-Bretagne allait quitter le marché unique mais souhaite néanmoins protéger les européens qui y vivent.

Après avoir soufflé le chaud et le froid sur les modalités du «Brexit», la dirigeante britannique a défendu une «rupture claire et nette» avec l'Union européenne dans un discours à Londres le 17 janvier. «Le Royaume-Uni ne peut pas continuer à faire partie du marché unique», a t-elle asséné, estimant que c'était un pays ouvert et tolérant mais qu'il devait pouvoir contrôler le nombre d'Européens qui s'y installaient. 

«La maîtrise de l'immigration européenne passe par la fin du principe de libre-circulation des travailleurs européens», a t-elle précisé.

Par étape

Si elle a annoncé vouloir sortir du marché unique, Theresa May a cependant précisé qu'elle souhaitait y avoir «le plus grand accès possible». 

Pour ne pas subir un changement «trop brutal», elle a défendu la mise en œuvre par étape d'un accord avec l'UE après les négociations. «Le succès de l'UE est dans l'intérêt du Royaume-Uni», a-t-elle encore ajouté, assurant vouloir rester «le meilleur ami et voisin» des «partenaires européens» du Rouyale-Uni. 

Union douanière

Theresa May n'a pas exclu que le Royaume-Uni reste dans l'union douanière, précisant cependant qu'il était possible que le pays crée un «nouvel accord» avec les autres pays européens.  

Dans son gouvernement, le secrétaire d'Etat au commerce Liam Fox s'est déclaré en faveur d'un retrait total, alors que le chancelier de l'Echiquier Philip Hammond craint que cela ne ralentisse considérablement les échanges commerciaux. 

Contribution financière

Le Royaume-Uni verse 9 milliards de livres par an à l'Union européenne. Les membres du gouvernement sont partagés sur l'idée de stopper le versement, cette manne financière pouvant être utilisée dans les futures négociations de sortie.

Alors que David Davis, le ministre du Brexit souhaite poursuivre les paiements après la sortie de l'UE, Boris Johnson, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères y est farouchement opposé.

Loi Européenne

Theresa May est déterminée à faire sortir le Royaume-Uni de la Cour européenne de Justice (CJUE), une décision partagée par l'ensemble du gouvernement. Mais si un accord pour les échanges commerciaux venait à être signé après le Brexit, il sera nécessaire de mettre en place une institution pour arbitrer les litiges. 

Ouverts sur le monde

Le Premier ministre a insisté dans son discours sur la construction d'un Royaume-Uni «ouvert sur le monde», qui signerait non seulement des accords commerciaux avec les pays du Commonwealth, mais aussi avec les grands pays d'Asie et les Etats-Unis. 

Le futur président américain, Donald Trump s'est montré enthousiaste à cette idée, annonçant le 15 janvier dans un interview au journal anglais The Times vouloir conclure «très rapidement» un tel accord.

Réactions 

Un départ ordonné est un pré-requis pour un futur partenariat a affirmé Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit. Il a par ailleurs déclaré que sa priorité était d'obtenir «le bon accord» pour les 27 membres de l'UE.

Le ministre allemand des Affaires étrangères s'est satisfait que Theresa May ait apporté «un peu de clarté» à la position britannique sur le Brexit, soulignant que la sortie de l'Union européenne impliquait aussi celle du marché unique. Il a expliqué souhaiter conserver «des relations de confiance» avec le Royaume-Uni et espère que les négociations seront «constructives».

Le ministre des Affaires étrangères tchèque trouve de son côté le plan de sortie proposé «un peu ambitieux» et reproche au Royaume-Uni de vouloir un «Brexit dur». «Des échanges commerciaux aussi libres que possible, un contrôle total de l'immigration... Qu'avez vous à donner en échange de tout ce que vous prenez ?», a t-il demandé. 

Donald Tusk, le président du Conseil européen, a estimé que le discours du Premier ministre britannique était «au moins un peu plus réaliste [que précédemment]», et que les 27 membres de l'Union étaient «unis et prêts à négocier».  

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