Economie

Donald Trump nomme un économiste «anti-chine» à un poste clé

Dans un contexte de tensions entre les deux puissances, le président élu américain a nommé Peter Navarro, un économiste fervent adversaire de la Chine, à la tête du Conseil pour le commerce extérieur. Une décision très peu appréciée du côté de Pékin.

La nomination de Peter Navarro à la tête du Conseil national pour le commerce extérieur – une organisation nouvellement créée par la Maison Blanche qui supervise la politique industrielle du pays – n'est pas passée inaperçue à Pékin.

L'économiste formé à Harvard est connu pour sa ligne très agressive à l'encontre de la Chine, il est notamment l'auteur de livres tels que Death by China : how America lost its manufacturing base (La mort par la Chine : comment l'Amérique a perdu sa base industrielle), et Crouching Tiger: What China’s Militarism Means for the World (Tigre accroupi : ce que le militarisme de la Chine signifie pour le monde). Il maintient depuis des années que les Etats-Unis sont engagés dans une guerre économique avec Pékin, l'accusant de manipuler sa monnaie pour stimuler ses exportations. Un message que le président élu n'a eu de cesse de répéter durant sa campagne électorale.

Le milliardaire a expliqué qu'il considérait Peter Navarro comme «un économiste visionnaire» qui allait travailler «à l'élaboration de politiques commerciales dans le but de réduire le déficit commercial, renforcer la croissance et contribuer à réduire l'exode des emplois».

Les responsables chinois choqués 

Cette nomination a du mal à passer dans les médias chinois. Le Global Times a notamment averti dans un éditorial du risque d'un conflit ouvert entre les deux super-puissances : «La Chine doit se rendre compte que l'équipe de Donald Trump maintient une politique agressive [envers elle], elle ne doit pas se faire d'illusion et se préparer à toute action offensive de la part de l'administration Trump». Le China Daily a de son côté noté que toute action qui endommagerait la relation entre les Etats-Unis et la Chine se ferait au détriment des deux parties.

Bien que le milliardaire ait adopté depuis longtemps une posture offensive à l'égard de la Chine, la nouvelle a surpris les dirigeants, selon Zhu Ning, un professeur de finances à Pékin : «[les responsables chinois] espéraient qu'en tant qu'homme d'affaires, Donald Trump aurait été ouvert à la négociation.»

Il a également fait part de leur surprise quant à sa décision de nommer un tel "faucon" à ce poste clé. 

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois s'est montré diplomate, estimant que la coopération entre Pékin et Washington dans le commerce international était cruciale, non seulement pour les deux pays, mais également pour le reste du monde. 

Les relations bilatérales entre les deux pays sont au plus bas ces dernières semaines. Début décembre, Donald Trump a échangé au téléphone avec le président taïwanais Tsai Ing-wen, alors que Washington avait interrompu depuis 1979 ses relations diplomatiques avec l'île. Le président élu a d'ailleurs menacé de ne plus reconnaître le principe de la Chine unique si Pékin ne faisait pas de concessions en matière commerciale.

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