Dès la diffusion des sondages réalisés à la sortie des urnes, donnant le non à près de 60% des voix, la monnaie unique européenne a décroché, touchant au Japon 1,0506 dollar autour de 8h20 (23h20 GMT), contre 1,0664 le 2 décembre à New York.
C'est le niveau le plus faible depuis mars 2015 : l'euro était alors tombé à 1,0458 dollar. La Bourse de Tokyo s'est repliée (-0,64% à la pause déjeuner pour l'indice vedette Nikkei) et, ailleurs dans la région, Hong Kong (-0,20%), Séoul (-0,20%) et Sydney (-0,94%) les cours ont aussi eu tendance à aller dans le rouge.
L'euro a néanmoins résisté par la suite, oscillant autour de 1,0545 dollar vers 3h30 GMT, signe que, pour l'heure, les cambistes ne cédaient pas à l'affolement. «Si le référendum est rejeté, ce ne sera pas la fin du monde», avait commenté Fabio Fois, économiste chez Barclays basé à Londres, interrogé avant le vote par l'agence Bloomberg News.
Les Italiens ont massivement rejeté la réforme constitutionnelle qui prévoyait essentiellement de réduire les pouvoirs du Sénat, doté actuellement des mêmes pouvoirs que la Chambre des députés, ainsi que de limiter les attributions des régions.
Pas une surprise
Matteo Renzi, 41 ans, arrivé au pouvoir en février 2014 avec un programme de réformes, a aussitôt pris la parole et annoncé sa démission, tirant les conséquences d'un référendum sur lequel il s'était totalement engagé.
Le mouvement Cinq Etoiles (M5S), populiste et anti-système, ambitionne désormais ouvertement de prendre le pouvoir.
Cette décision ouvre une période d'incertitudes pour l'économie italienne, qui reste à la traîne en Europe, avec un secteur bancaire éreinté par la crise financière et criblé de créances douteuses. Des craintes de faillite resurgissent régulièrement.
«Le Premier ministre Matteo Renzi était clairement un dirigeant réformiste, sa défaite face aux forces populistes est source d'inquiétudes pour l'ensemble de l'Europe», a estimé Yunosuke Ikeda, chargé des changes chez Nomura Securities.
«Toutefois, ce résultat était attendu, ce n'est pas une surprise au sens de ce qui s'est passé au moment du Brexit ou de la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis en novembre dernier», a-t-il ajouté.
En outre, les marchés ont pu être soulagés par l'échec de l'extrême droite autrichienne qui a perdu son pari de décrocher la présidence de la République sur fond de poussée populiste en Europe. Son candidat Norbert Hofer a essuyé, selon les projections, une nette défaite face à l'écologiste Alexander Van der Bellen.
Si l'impact restait limité en Asie, la réaction des places financières européennes, en particulier du marché obligataire italien, sera suivie avec attention.
La Banque centrale européenne (BCE), qui tient le 8 décembre sa dernière réunion de l'année sur la politique monétaire de la zone euro, pourrait accélérer ses achats d'actifs en cas de besoin pour calmer les marchés.
A plus long terme, «la perspective d'élections aux Pays-Bas, en France, en Allemagne, en Italie va maintenir l'euro sous pression. Il pourrait reculer à 1,02 dollar en janvier-mars», pronostique Daisuke Karakama, économiste en chef chez Mizuho Bank, cité par Bloomberg, d'autres prédisant même la parité, un seuil inédit depuis 2002.