Economie

La Wallonie maintient son opposition au traité de libre-échange avec le Canada

Le gouvernement wallon a rejeté jeudi 20 octobre la dernière proposition de la Commission européenne sur l'accord économique et commercial global entre l'UE et le Canada (CETA).

En rejetant la dernière proposition de la Commission européenne sur l’accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada (CETA) le gouvernement wallon a évoqué des marges de négociation toujours ouvertes par le Canada, au contraire des instances européennes, et sur lesquelles des discussions auront lieu vendredi dès la première heure.

«Le Canada considère qu’il reste des marges de négociation, il apparaît sur certains points plus ouvert que les instances européennes et certains Etats de l’Union», a affirmé le ministre-président wallon Paul Magnette, à l’issue d’une réunion de son gouvernement à l’Elysette, à Namur.

Paul Magnette est attendu vendredi en commission des Questions européennes du parlement de Wallonie.

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La balle à nouveau dans le camp wallon après des tractations avec l'UE

La balle était à nouveau dans le camp wallon après d'ultimes tractations jeudi soir autour de l'accord de libre échange UE-Canada (CETA) pour permettre à la Belgique de donner son feu vert vendredi au traité dont l'éventuel échec menace selon l'UE toute sa politique commerciale.

«Je crains que le CETA ne puisse être notre dernier accord de libre échange», a lancé, solennel, le président du Conseil européen, Donald Tusk, lors d'un sommet des 28 à Bruxelles, enjoignant à la Belgique à dire oui d'ici vendredi.

Donald Tusk a dit compter désormais sur les qualités de «champion en matière de compromis» du petit royaume pour obtenir un dénouement positif, à l'occasion de la deuxième journée du sommet européen, qui sera centrée vendredi sur cette question de politique commerciale de l'UE.

Selon plusieurs sources, la Commission européenne et les diplomates des 28 ont accepté jeudi soir de donner de nouvelles garanties pour répondre aux inquiétudes de la Wallonie, dont le Parlement se réunit vendredi matin.

Mais avant même cette nouvelle réunion, le gouvernement de cette région francophone belge a d'ores et déjà rejeté ces propositions de dernière minute, selon l'agence Belga.

Favorable au CETA, le Premier ministre belge Charles Michel, à la tête d'un Etat fédéral complexe, a besoin du feu vert des sept parlements du royaume pour entériner le traité avec le Canada. 

Or la Wallonie, la région francophone du sud de la Belgique (3,6 millions d'habitants), refuse toujours d'approuver l'accord négocié pendant sept ans avec Ottawa.

Pris entre le désir de «respecter la démocratie en Belgique» et le fait que la Wallonie soit «le dernier endroit en Europe où l'on s'oppose à ce qui est sur la table», Charles Michel n'a pu que faire le constat d'un moment délicat pour son pays.

Rien n'est acquis

«Rien n'est acquis. Le problème n'est pas réglé», a reconnu une source européenne après une réunion des ambassadeurs des 28 consacrée au CETA.

Les demandes de la région belge ont pourtant reçu «tout le soutien possible» sur les questions qui l'inquiètent, comme l'agriculture ou encore la protection des données, a confié une autre source diplomatique à l'AFP.

Outre la Wallonie, la Roumanie et la Bulgarie expriment également des réserves, réclamant un engagement écrit du Canada sur la libéralisation des visas pour leurs ressortissants désirant se rendre dans le pays en échange de leur feu vert au CETA.

Le feu vert de la Belgique devrait faire bouger Ottawa sur ce point, a indiqué une source européenne.

Le traité de libre échange doit être en principe signé le 27 octobre prochain à Bruxelles entre les 28 et le Canada, en présence du Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Au-delà du CETA, Donald Tusk a exprimé ses craintes plus larges sur l'avenir des traités commerciaux négociés par l'UE, préoccupé de voir qu'une partie de la population européenne reste hostile à de grands accords commerciaux. 

Et ce blocage soulève des interrogations sur la capacité des 28 à négocier des traités commerciaux avec des pays comme les Etats-Unis (le fameux TTIP ou Tafta) ou le Japon.

Pour apaiser les craintes liées au libre-échange, Donald Tusk a souligné que l'UE devait se doter d'instruments efficaces pour se protéger contre des pratiques commerciales déloyales.

Cette question d'une modernisation des outils à disposition de l'UE, sous pression face aux pratiques de dumping, notamment celles des Chinois dans l'acier, figure à l'ordre du jour du sommet européen vendredi. 

Le temps presse car d'ici au 11 décembre, la Commission européenne doit se prononcer sur le «statut d'économie de marché» de la Chine au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Un tel statut pourrait déboucher sur une forte baisse des droits de douane et ouvrir davantage les portes aux importations de produits chinois.