Economie

50 200 chômeurs de plus en août : l'opposition accable le gouvernement

Alors que la ministre du Travail tente de minimiser le regain du chômage, l'opposition dénonce une faillite du gouvernement. Mais la hausse pourrait bien s'expliquer, plus simplement, par une baisse des radiations pour défaut d'actualisation.

Les derniers chiffres en provenance de Pôle Emploi ont l'effet d'une douche froide pour le gouvernement. Fin août, la population de chômeurs a augmenté de plus de 50 000 personnes, gonflant encore un peu le nombre de 3,56 millions de demandeurs d'emploi sans activité, non radiés et encore inscrits sur les listes, et pour les seules catégories A, B et C. Soit une hausse de 1,4 % par rapport à juillet, selon l'Insee, l'Institut national de la statistique et des études économiques.

Cependant, toujours selon l'Insee, malgré les mauvais chiffres, le chômage resterait en baisse depuis le début de l'année. Aussi, Myriam El Khomri, lors d'une interview sur Radio classique, s'est raccrochée à cette moyenne mobile statistique, regrettant une augmentation «atypique» et espérant que la réalité se conformerait bientôt aux chiffres, espérant «retrouver une tendance normale les mois prochains».

Des propos qui ont provoqué de nombreux commentaires critiques dans les rangs des Républicains (LR) : «La réalité a la tête dure», a ainsi rétorqué le député de Haute-Loire, Laurent Wauquiez.

La ministre du Travail a tenté en outre d'expliquer la hausse par les attentats terroristes de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray, s'attirant une volée de réactions indignées.

Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes a pour sa part dénoncé l'«indécence» de la ministre faisant un tel lien pour justifier la hausse des demandeurs d'emploi.

Défendant sa politique, la ministre du Travail Myriam El Khomri a tenté de mettre en avant les chiffres annualisés du chômage, recourant à une moyenne mobile pour étayer la réalité d'une baisse durable : «Nous savons bien que nous avons des variations mensuelles extrêmement fortes d'un mois à l'autre. C'est pour cela qu'on regarde le taux dit par l'Insee». Et pour la ministre, pas de doute, «l'inversion de la courbe, elle est là», faisant référence à l'engagement de François Hollande.

Et tandis que Nicolas Sarkozy dénonçait une «politique économique en dépit du bon sens», Alain Juppé, quand à lui, a pointé au micro de France Inter un «échec désastreux».

«50 000 demandeurs d'emploi supplémentaires, 16 000 radiés des listes pour formation alors qu'on sait très bien que malheureusement ces formations n'aboutissent que très rarement», a dénoncé Alain Juppé, rappelant lui aussi le fameux engagement de François Hollande : «Si je n'inverse pas la courbe du chômage, je ne serai pas candidat.»

De plus, seules les catégorie A, B et C sont prises en compte dans les chiffres officiels, alors que la catégorie D est passée à 325 000 personnes. En outre, les radiations pour défaut d'actualisation, qui avaient permis de «sortir» des chiffres du chômage plus de 231 000 demandeurs d'emploi rien qu'en juillet, sont en baisse de près de 59 000 personnes. Et ce malgré la mise en place du plan de 500 000 formations supplémentaires.

«Vivement le Frexit !» a pour sa part twitté Florian Philippot, expliquant la montée du chômage par une «soumission aux dogmes de l'Union européenne».

La gauche fait profil bas

A gauche, les réactions se font plus discrètes, le secrétaire du Parti socialiste (PS) n'ayant pas commenté la politique de l'emploi du gouvernement depuis une déclaration sur Europe 1 qui avait soulevé un tollé sur les réseaux.

Mais, côté frondeurs, Benoît Hamon, candidat à une primaire de la gauche, n'a pas manqué l'occasion de marquer sa position critique, appelant à «tourner la page d'une politique qui a échoué».

Du côté des syndicats, Force ouvrière (FO) déplore lui aussi des chiffres «catastrophiques» tandis que la CGT souligne que «non seulement le nombre de chômeurs ne baisse pas de façon pérenne mais la précarité ne cesse de croître».

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