Willie McAteer, John Bowe et Denis Casey ont délibérément dissimulé des pertes s'élevant à 7,2 milliards d'euros à la Anglo Irish Bank (AIB) – ce qui représente la plus grande fraude comptable de l'histoire de l'Irlande – contribuant à l'effondrement dévastateur de l'économie du pays.
Le trio a été condamné pour avoir eu recours à des «transactions frauduleuses» destinées à gonfler les dépôts de AIB dans les rapports remis aux autorités de Dublin. Ils ont utilisé des techniques «malhonnêtes et trompeuses» pour flouer les actionnaires et dissimuler la crise de financement traversée par la banque, a affirmé le juge Martin Nolan, en charge du dossier.
L'ancien cadre de la banque Willie McAteer a été condamné à trois ans et demi de prison, alors que son ex-collègue John Bowe a écopé d'une peine de deux ans. Denis Casey, ancien directeur des services financiers de l'Irish Life and Permanent, a lui été condamné à deux ans et neuf mois de prison. Deux autres cadres de AIB doivent être traduit en justice en 2017 pour fraude.
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Des dépôts d'argents éphémères destinés à tromper les actionnaires
La banque de Denis Casey fournissait des fonds que l'Anglo Irish Bank faisait passer pour de l'argent déposé par des nouveaux clients, afin de gonfler les résultats présentés aux actionnaires. La manœuvre était destinée à rassurer les actionnaires sur la solidité de la banque, après une décennie de placements effectués en plein boom de l'immobilier irlandais. Or, l'argent ne passait qu'un jour sur les compte de l'Anglo Irish Bank avant d'être retransféré à l'Irish Life and Permanent.
Le gouvernement irlandais a finalement découvert en octobre 2008 que l'AIB était au bord de la faillite et a décidé, pour éviter un désastre financier, que les contribuables irlandais devraient payer les pertes. Néanmoins, l'Etat n'était pas encore conscient de l'ampleur des dettes de la banque.
L'Anglo Irish Bank a été nationalisée en 2009, puis petit à petit démantelée. Mais l'impact économique a été considérable pour l'Irlande, entraînant un abaissement de son indice de confiance par les agences de notation financière, puis la mise en place d'un plan de sauvetage financier assorti de mesures d'austérité.
Les derniers stress tests menés sur les banques européennes – à l'issue desquels l'Allied Irish Bank et la Bank of Ireland ont été classées deuxième et quatrième institutions les plus fragiles sur les 51 testées – ont rappelé aux banques irlandaises qu'elles nécessitaient encore quelques années de croissance économique afin de se remettre complètement de la précédente crise financière. De plus, la perspective de la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne pourrait compliquer davantage cette tâche.