Economie

Kadhafi : la Société générale peu pressée de rendre des comptes sur sa gestion des avoirs libyens

Un fonds souverain libyen réclame à la banque 2,1 milliards de dollars de dommages et l'accuse de versements de pots-de-vin. Les avocats de l'établissement bancaire demandent plus de temps pour préparer leur défense. La saga judiciaire continue.

L'affaire à été portée devant la juridiction de la Haute cour de justice de Londres. Le Libyan Investment Authority (LIA), un fonds d'investissement souverain accuse la banque française Société générale de pratiques frauduleuse et de corruption. Le LIA avait été créé par Mouammar Kadhafi en 2006 pour recycler les pétrodollars libyens. Après les scandales de la manipulation des indices de l'Euribor et du Libor et alors que l'affaire Kerviel n'en finit pas de rebondir, la banque française doit également répondre de la façon dont elle a géré une partie des actifs libyens.

Pour les avocats du fonds souverain libyen, les transactions ont été faites via une société de courtage enregistrée au Panama sous le nom de Lenaida, dirigée à l'époque par l'homme d'affaires libyen Walid Giahmi, à qui la Société générale est accusée d'avoir versé des pots de vin.

Manœuvres dilatoires ou préparation de sa défense ?

La banque réfute catégoriquement les accusations, mais pour l'instant ses avocats préfèrent, plutôt que de répondre sur le fond, repousser le moment où il faudra rendre des comptes. La boîte de Pandore risque en effet de s'ouvrir car une assignation déposée à New York dans le cadre de la même affaire fait obligation à la Société générale de produire tous les documents, internes comme externes, concernant ses activités pour le compte de la Libye, et ce de 2004 à 2014.

Dans ces conditions, les avocats de la banque française préfèrent jouer la montre en faisant valoir que la procédure analogue lancée aux Etat-Unis représente une lourde charge de travail supplémentaire pour les avocats. Ces derniers ont ainsi demandé le report du procès à Londres afin selon eux, d'avoir plus de temps pour préparer leur défense. De son côté, le fonds souverain rétorque qu'il n'y a pas lieu de reporter le procès dont la date a été fixée  de longue date, novembre 2014, et que la banque, dotée des puissants moyens juridiques qu'on lui connaît, aura déjà eu 22 mois pour se préparer.

Les milliards du clan Kadhafi suscitent toujours la convoitise

Après la destitution du chef de l'Etat libyen, les avoirs de la famille Kadhafi ainsi comme ceux des fonds souverains de la Libye ont été gelés. Mais le pays est actuellement dans un état d'anarchie, alors que trois gouvernements, dont celui dit de Tobrouk, et plusieurs groupes djihadistes, dont la branche libyienne de Daesh, se disputent le pouvoir. Aussi il est  tentant de mettre la main sur ces avoirs. Mais en attendant que la justice détermine qui en est le détenteur légitime, les avoirs auxquels prétendent les gouvernements post-Khadafi rivaux restent gelés. Les sommes en jeu seraient, selon certaines estimations, de l'ordre d'une centaine de milliards d'euros. A lui tout seul, le fonds LIA se monterait à quelque 60 milliards.