Economie

La BCE est devenue trop puissante, critique une conseillère économique de Berlin

La Banque centrale européenne (BCE) est devenue trop puissante, notamment à cause du rôle de plus en plus politique que lui accordent les gouvernements, a critiqué le 15 mai l'une des principales conseillères économiques de Berlin.

«La BCE a gagné un pouvoir énorme, bien qu'elle ne réponde à aucun contrôle parlementaire. Je porte un regard critique sur cela», a déclaré Isabel Schnabel au journal Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung.

Interrogée sur le fait que l'institution de Francfort soit devenue trop puissante, l'économiste allemande, qui appartient depuis 2014 au Conseil allemand pour l'évaluation du développement économique global, a répondu : «Je pense que oui.» La BCE «est aussi devenue plus politique. Mais c'est parce que les politiques ont souvent échoué à agir et ont par conséquent forcé à la BCE à le faire», a ajouté Isabel Schnabel pour qui l'institut d'émission «est devenu une institution quasi-politique».

«Nous avons besoin d'une banque centrale indépendante»

Elle est l'une des cinq «sages», ces économistes influents qui conseillent le gouvernement de la première économie du continent. Elle a également défendu la politique monétaire ultra accommodante menée par l'institution que dirige Mario Draghi. «Les taux d'intérêt bas sont avant tout une conséquence de la crise financière», a-t-elle estimé. «Et la BCE n'est pas seule à influencer les taux», a-t-elle ajouté, citant des tendances macro-économiques comme le vieillissement de la population.

Isabel Schnabel s'est aussi opposée aux politiques allemands pour qui les taux historiquement très bas de la BCE pénalisent les épargnants allemands et nuisent à la rentabilité des banques. «Ce qui m'inquiète, c'est que le but de ces critiques est de politiser la BCE encore plus. Les appels pour donner à l'Allemagne un vote plus important (au sein du conseil des gouverneurs de la BCE) et une influence plus directe sur la BCE vont dans la mauvaise direction», a-t-elle réagi.

«Nous avons besoin d'une banque centrale indépendante», ce qu'elle est statutairement, a-t-elle réaffirmé. Face à l'inflation atone, la BCE a notamment abaissé en mars l'ensemble de ses taux directeurs et élargi son assouplissemement quantitaif, ou en anglais quantitative easing, vaste programme de rachats de dettes publiques et privées dont le but est de réinjecter des liquidités dans l'économie. Objectif de toutes ces actions: faire circuler l'argent dans le bloc monétaire, stimuler le crédit, l'investissement et la consommation. Et en bout de chaîne, faire repartir les prix à la hausse.

Lire aussi : La BCE abaisse ses trois taux directeurs, le principal passe à zéro