Economie

«Panama Papers» : plus de 300 économistes vent debout contre l’évasion fiscale

Plusieurs centaines de spécialistes de l’économie venant de 30 pays ont signé une lettre ouverte dénonçant les paradis fiscaux, zones qui se porteraient très bien malgré les discours des gouvernements.

«Ils ne servent aucun but économique». Sauf pour ceux qui veulent échapper à l’impôt. Voici en substance ce que 300 économistes venant du monde entier ont expliqué dans une lettre ouverte. Le scandale des «Panama Papers», vaste affaire d’évasion fiscale ayant touché plus de 200 000 sociétés offshores, a donné l'occasion à Thomas Piketty, au prix Nobel Angus Deaton et à leurs collègues économistes de crier leur colère.

Accélérateur d’inégalité

Le coup de gueule se porte sur les transferts de richesses que provoquent le recours aux paradis fiscaux. «Les pays pauvres sont les plus grands perdants. Ils ont un manque à gagner d’un montant de 170 milliards d’euros chaque année», explique la lettre.

Ce cri d’alerte intervient alors que la source à l’origine du scandale des Panama Papers a, elle aussi, pris la plume. Dans une publication, elle fustige les «inégalités de revenus», un «des maux de notre temps». Un problème qui serait largement amplifié par les paradis fiscaux. «Le débat sur l’amplification de l’évasion fiscale a fait rage pendant des années avec des politiciens, des universitaires et des militants tous impuissants pour arrêter sa croissance régulière», se lamente-t-il.

Jeffrey Sachs, directeur de l’Earth Institute de l'université de Columbia met en avant la responsabilité des gouvernements : «Les paradis fiscaux ne tombent pas du ciel. Ils sont le fruit d’un choix délibéré de la part de gouvernements majeurs, Etats-Unis et Royaume-Uni en tête, le tout en partenariat avec des institutions financières et légales qui font circuler cet argent.»

L'affaire des «Panama Papers» est un vaste scandale financier impliquant un grand nombre de personnalités et d'entreprises. Une source inconnue a mis à la disposition d'un groupe de journalistes environ 11,5 millions de documents du cabinet Mossack Fonseca, spécialisé dans l'optimisation fiscale et basé au Panama. 

Plusieurs hauts responsables politiques ont été visés dont le Premier ministre britannique David Cameron et, indirectement, Vladimir Poutine.