Economie

Les femmes souffrent plus que les hommes des effets de l'austérité au Québec

Depuis 2014, le gouvernement libéral de Philippe Couillard annonce des politiques d'austérité afin de rétablir un équilibre budgétaire pour la province du Québec au Canada, créant une véritable onde de choc pour toute une catégorie de citoyens.

L'austérité est une façon de réduire les dépenses et d'augmenter les revenus, créant plusieurs impacts sociaux. Au Québec, comme dans plusieurs pays ayant adopté cette mesure depuis la crise économique de 2008, les personnes les plus affectées sont les femmes, qui perdent de plus en plus d'emplois. En Grèce, au Portugal, en France, en Angleterre, les compressions dans les budgets ont accru les inégalités sociales, le chômage des femmes, la féminisation de la pauvreté et la précarisation de l’emploi des femmes.

Même son de cloche à l'ONU, qui a publié un rapport en 2015 disant que «les politiques d’austérité nuisent à la promotion et à la place des femmes dans le monde du travail.» Dans son rapport sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, l’Organisation des Nations Unies déplore qu’à «une époque de richesses mondiales sans précédent, des millions de femmes soient encore reléguées à des emplois peu rémunérés et de qualité médiocre» et se voient encore «refuser les soins de santé de base ainsi que l’accès à de l’eau propre et à des systèmes d’assainissement décents. De Wall Street aux champs de canne à sucre, les normes salariales entre les deux sexes se font au détriment des femmes», a souligné la directrice générale d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka.

Quels secteurs sont affectés au Québec?

L'austérité de Couillard annonce une hausse des taxes municipales, des primes d'assurance automobile, des taxes sur le pétrole et des frais de scolarité. Des coupures dans les commissions scolaires, dans les mesures d'aide sociale, en santé publique et dans les congés de maladie des fonctionnaires. Des compressions imposées aux universités, la fin du tarif unique dans les garderies pour réduire les subventions  et le gel de l'embauche dans la fonction publique, accompagné d'une réduction de 2% du personnel fonctionnaire. Sur l'échelle mondiale, le Québec se situe tout juste derrière le Japon et l'Australie sur la sévérité de son austérité.

Ce qui fait le plus mal aux femmes

Selon L'ADS (l'analyse différenciée selon les sexes), au Québec, les femmes sont majoritaires (75%) dans les secteurs de la santé et de l’éducation, l’administration publique, qui sont tous des secteurs frappés par les compressions. De plus, les femmes occupent 70% des emplois à temps partiel et 60% des emplois au salaire minimum, qui seront aussi parmi les premiers frappés par les coupures. Pour leur retraite, elles ont des montants de pension inférieurs à ceux des hommes, souvent très faibles du fait de carrières interrompues, de périodes à temps partiel et de bas salaires. Ces compressions dans les services auront aussi pour effet d’accroitre la responsabilité individuelle des femmes pour la conciliation famille, études, travail. Elles sont aussi les principales clientes du système de santé, à cause de la contraception, de la maternité, de leurs enfants et même parce qu’elles vivent plus longtemps! Parce qu’elles sont généralement plus pauvres que les hommes, elles seront davantage touchées par les compressions budgétaires et les hausses de tarifs. 

Les Québécoises ont été plus durement frappées par les mesures d’austérité mises en place et n’ont pas été favorisées autant que les hommes par la relance économique, concluait une étude dévoilée au début de mars par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
 Ainsi, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement de Philippe Couillard, ses mesures ne sont pasneutres: elles portent un coup plus dur aux femmes qu’aux hommes, soulignait l’IRIS. L'effet de ressac des politiques d'austérité en a fait réagir plusieurs sur Twitter:

Alors que depuis de nombreuses années, les Québécoises luttent pour défendre leurs droits, pour se débarrasser du rôle traditionnel dans lequel elles ont été trop longtemps confinées et pour faire reconnaître la valeur de leur contribution à la société, les politiques des libéraux impliqueront forcément un retour en arrière pour les femmes du Québec.