L’Ukraine a annoncé le 24 avril avoir échoué à conclure un accord avec les détenteurs de 2,6 milliards de dollars de dette, portant un coup dur à ses efforts de restructuration financière à l’approche d’une échéance cruciale. Selon le Financial Times, les discussions menées cette semaine à Washington avec les créanciers de ses « GDP warrants » (titres indexés sur la croissance économique) se sont soldées par un blocage.
Le ministère ukrainien des Finances a déclaré qu’il « envisageait toutes les options disponibles » après cet échec. Ces titres particuliers, émis lors de précédents accords de restructuration, obligent Kiev à effectuer des paiements proportionnels à la croissance économique annuelle. Or, la reprise potentielle du PIB en cas de cessez-le-feu avec la Russie pourrait fortement alourdir la facture.
Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment averti que, « s’ils ne sont pas traités », ces instruments pourraient « constituer un risque important » pour la stabilité du plan d’aide de 15,5 milliards de dollars en cours, ainsi que pour les restructurations passées d’obligations dépassant 20 milliards de dollars.
Sauf avancée rapide, Kiev devra décider s’il honore ou non le paiement de près de 600 millions de dollars prévu fin mai, correspondant à la performance économique de 2023. L’hypothèse d’un défaut de paiement n’est plus exclue.
L’Ukraine face au spectre du défaut
Depuis 2014, l’Ukraine vit sous la menace récurrente du défaut de paiement. Déjà confrontée à une crise économique majeure, Kiev avait réussi, en 2015, à éviter la faillite en restructurant près de 18 milliards de dollars de dette, avec à la clé un effacement partiel et l’émission de titres indexés sur la croissance — les fameux « GDP warrants ».
Mais le début de l'opération militaire spéciale en 2022 a replongé le pays dans une instabilité financière aiguë. Grâce à un moratoire négocié en 2022 avec ses créanciers, l’Ukraine a pu suspendre pendant deux ans le paiement de plus de 20 milliards de dollars d’obligations. Ce répit s’achève cependant, et les échéances se rapprochent à grande vitesse.
C’est dans ce contexte que l’incapacité actuelle à renégocier les « GDP warrants » prend une dimension critique. Si Kiev n'obtient pas un accord d’ici fin mai 2025, elle devra faire face à un versement de 600 millions de dollars — une charge difficilement soutenable pour un pays dont l’économie de guerre est déjà sous perfusion internationale.
À chaque étape, c’est l’architecture fragile du soutien occidental au régime de Kiev qui est en jeu, avec pour ligne de fond une question persistante : combien de temps encore l’Ukraine pourra-t-elle éviter le défaut, sans solution structurelle à sa dette de guerre ?