Le Ghana s’apprêterait à introduire l’e-Cedi, une monnaie numérique de banque centrale (CBDC), après plus de cinq ans de recherche et de développement. Cette initiative vise à améliorer l’accès aux paiements numériques et à renforcer l’inclusion financière, notamment pour les populations non bancarisées.
Une des particularités de l’e-Cedi est sa capacité à fonctionner hors ligne. Cette fonctionnalité est essentielle dans un pays où environ 47% de la population n’a pas accès à internet, selon les données du Ghana Statistical Service. Contrairement à l’eNaira du Nigeria, qui a rencontré des difficultés d’adoption, l’e-Cedi ambitionne de s’imposer en proposant une expérience utilisateur plus accessible et fluide.
Un projet en collaboration avec une entreprise allemande
Pour le développement de l’e-Cedi, la Banque du Ghana a travaillé avec l’entreprise allemande Giesecke+Devrient (G+D), spécialisée dans les solutions de monnaie numérique. Cette technologie a déjà été testée dans des pays comme Singapour, la Thaïlande et le Brésil.
Contrairement à d’autres CBDC basées sur la blockchain, l’e-Cedi reposera sur un système centralisé dans un premier temps. Ce choix permet de faciliter la gestion et la supervision, avec la possibilité d’évoluer vers des solutions plus décentralisées à l’avenir.
Des défis réglementaires à relever
Même si la Banque du Ghana est prête à déployer l’e-Cedi, son lancement dépend toujours de l’approbation du cadre législatif. Une loi spécifique est nécessaire pour encadrer l’utilisation de cette nouvelle monnaie numérique.
L’exemple nigérian montre que la réussite d’une CBDC ne repose pas uniquement sur sa mise en circulation. L’eNaira a souffert d’un manque de confiance, d’infrastructures limitées et de craintes liées à la fraude financière. Le Ghana cherche à éviter ces écueils en garantissant une meilleure accessibilité et en sensibilisant le public à l’utilisation de l’e-Cedi.
Un contexte favorable aux CBDC
L’e-Cedi s’inscrit dans une tendance mondiale vers la numérisation des paiements. Selon un rapport de G+D, 72% des banques centrales dans le monde envisagent de lancer leur propre monnaie numérique, et 48% prévoient de le faire dans les cinq prochaines années.
Loin de vouloir éliminer l’argent liquide, la Banque du Ghana souhaite faire de l’e-Cedi un outil complémentaire aux moyens de paiement existants. Il pourrait notamment faciliter les transactions entre l’État et les citoyens (G2P), comme le versement des aides sociales ou des salaires publics.
Avec un taux de pénétration mobile supérieur à 100% mais un accès à internet limité à 70%, le Ghana a besoin de solutions adaptées à sa réalité économique. En ciblant les populations non bancarisées, l’e-Cedi pourrait transformer durablement le paysage financier du pays, tout en servant de modèle à d’autres nations africaines.