Les dirigeants de l’Union européenne examinent la possibilité d’instaurer un plafonnement temporaire des prix du gaz, qui ont atteint leur plus haut niveau en deux ans, rapporte le Financial Times, citant des sources proches du dossier. La Commission européenne prévoit de présenter le 26 février un plan destiné à renforcer la compétitivité industrielle du bloc et à garantir un accès abordable à l’énergie.
Bien que les discussions soient encore à un stade préliminaire, elles ont suscité une vive réaction du secteur de l’énergie. Plusieurs acteurs économiques mettent en garde contre un risque de perte de confiance des fournisseurs de gaz envers le marché européen.
D’après le Financial Times, 11 groupes, dont Europex, l’association des Bourses européennes de l’énergie, et AFME − groupe de lobbying sur les marchés financiers − ont envoyé mardi 11 février à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, une lettre déclarant : «Nous pensons que cette mesure, si elle est annoncée, pourrait avoir des effets négatifs de grande envergure sur la stabilité des marchés européens de l’énergie et la sécurité de l’approvisionnement à travers le continent».
Un plafonnement des prix du gaz «saperait la confiance» dans le prix de référence européen du Title Transfer Facility, le principal centre de commerce et de fixation des prix du gaz, indiquait également la lettre. Cela «encouragerait également les producteurs mondiaux du gaz à passer à d’autres prix de référence, illimités et donc plus représentatifs, qui sont principalement fixés en dehors de l’UE», toujours selon les sources du Financial Times.
Il y a trois ans, en pleine crise énergétique déclenchée par les sanctions occidentales contre la Russie, l’UE avait instauré pour la première fois un mécanisme de plafonnement des prix du gaz. Ce dispositif devait s’activer si les prix dépassaient 180 euros par mégawattheure pendant trois jours ouvrables et s’ils étaient au moins 35 euros plus élevés que les prix mondiaux. Toutefois, ce mécanisme n’a jamais été appliqué, les prix étant restés en deçà du seuil.
L’idée d’un retour à un tel mécanisme fut relancée l’an dernier par l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, dans son rapport sur la compétitivité européenne. Il y préconisait de limiter les possibilités de spéculation et suggérait aux régulateurs européens de s’inspirer des États-Unis en introduisant des plafonds et des «limites dynamiques» lorsque les prix de l’énergie s’écartent des moyennes mondiales.