Alors qu’elle suscite les doutes quant à la robustesse de son économie, la Chine vient de remporter une belle victoire. Le renminbi ou yuan, vient d’être élevé au rang de monnaie de réserve du FMI. Concrètement, cela signifie qu’elle fera partie du panier de devises constituant les droits de tirage spéciaux (DTS), l’instrument monétaire du FMI qui sert notamment de base au calcul des taux d’intérêts sur les prêts que l’institution accorde.
Un long chemin
La décision de l’institution de Washington récompense «les progrès accomplis par les autorités chinoises ces dernières années pour réformer leur système monétaire et financier» selon sa directrice, Christine Lagarde.
«La poursuite et l'approfondissement de ces efforts va créer un système monétaire et financier international plus solide qui, en retour, soutiendra lui-même la croissance et la stabilité de la Chine et de l'économie mondiale» se réjouit-elle.
Mais c’est surtout une reconnaissance de plus de la puissance financière chinoise qu’il faut voir derrière l’événement. Les 188 Etats membres du FMI on donné vie à une volonté exprimée depuis des années par Pékin. Celle de prendre un poids plus important au sein de l’économie internationale. Ce qui passe par sa monnaie. Aujourd’hui, le yuan ne représente que 2,5% des transactions internationales. Loin derrière les 43% du dollar et les 29% de l’euro.
Ange Udibe, économiste au Peterson Institute of International Economics (PIIE) fait l’analyse suivante : «Les Chinois veulent une reconnaissance du renminbi en tant que devise internationale: c'est important pour le prestige et la réputation mais aussi pour les échanges internationaux car ils sont en train d'ouvrir leurs comptes de capitaux.»
Libéralisation de l’économie
Cette entrée dans le panier de réserves du FMI pourraient déplaire à certains cadres. Selon Ange Ubide, la décision «force de nombreuses réformes au sein de l'économie alors que certains conservateurs au sein du pouvoir en Chine pourraient être réticents à poursuivre la libéralisation». Il va même plus loin : «C'est comme un traité commercial, c'est un bon outil pour forcer la libéralisation de l'économie intérieure dont vous avez besoin.»
Pékin vient d’ailleurs d’autoriser les banques centrales étrangères à accéder à son marché des changes. «La libéralisation se fait par petites étapes» comme le souligne Ange Ubide.
Aux Etats-Unis, il semble que deux parties s’affrontent. Il y a ceux qui ont «l'intention de soutenir l'inclusion du renminbi à condition que la devise remplisse les critères existants du FMI». Le pays, majoritaire au sein du conseil d’administration, ouvre la porte.
Porte que le Congrès, pourrait lui, refermer. D’ailleurs, les Etats-Unis ne veulent toujours pas ratifier la réforme du FMI, votée en 2010. Cette dernière vise à donner plus d’importance aux grands pays émergeants, type BRICS.
Ange Ubide note d’ailleurs que les Étasuniens pestent contre ce qu’ils considèrent comme une sous-évaluation du yuan (NDLR : qui viserait à favoriser les exportations) et que dans le même temps, ils souhaitent un taux de change dicté par le marché. «Une position pas claire du tout» dans un contexte de ralentissement de la croissance chinoise.