Economie

Dette souveraine : la note de la France abaissée, l’exécutif épinglé

L’agence de notation américaine Standard & Poor’s a abaissé le 31 mai sa note de la dette française. Un camouflet pour l’exécutif tricolore, à neuf jours des élections européennes, qui n’a pas échappé à l’opposition de droite qui dénonce l’«incompétence» et l’«arrogance» du gouvernement dans sa gestion budgétaire du pays.

Le couperet est finalement tombé le 31 mai. Alors que Moody's et Fitch Rating n’avaient pas touché à la note souveraine de l’hexagone fin avril, la plus célèbre des grandes agences de notations new-yorkaises l’a abaissé pour la première fois depuis onze ans.

Cette note, qui évalue la solvabilité d’un pays, passe ainsi de «AA» à «AA-» pour la France, lui faisant quitter le groupe de l’Autriche, du Royaume-Uni ou encore de la Belgique pour rejoindre celui de l’Irlande, du Koweït et du Chili. Une dégradation qui fait également planer un risque d’augmentation des taux d’intérêt auxquels le pays emprunte sur les marchés.

Cette dégradation «est un vrai signal d’alarme» a déclaré François Xavier Bellamy sur X (ex-Twitter) tête de liste des Républicains. «Quel contraste avec la communication des derniers jours», poursuit-il, appelant à la sortie de «l’autosatisfaction» et à s’attaquer à la baisse des dépenses publiques, «seule voie pour sortir du discrédit, de l’irresponsabilité et de l’appauvrissement».

«Voilà où nous mène la piteuse gestion des finances publiques du duo Macron/Le Maire !» a lancé, également sur X, le président des LR, Éric Ciotti. «On nous avait vendu les Mozarts de la finance, on a eu les Beethoven de la dette» a taclé le magistrat Charles Prats, rappelant ses propos lors de la campagne présidentielle de Valérie Pécresse en 2022.

«Il n’y aura pas d’impact sur le quotidien des Français», assure Le Maire

«La gestion catastrophique des finances publiques par des gouvernements aussi incompétents qu’arrogants a mis notre pays dans de très graves difficultés cumulant records d’impôts, de déficits et de dettes», a pour sa part déclaré la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen. Dans ses messages, celle-ci a également fait allusion à la motion de censure, déposée le jour même par son groupe, contre le gouvernement sur sa politique budgétaire et faisant suite au refus persistant du gouvernement de Gabriel Attal de présenter un projet de budget rectificatif.

«La constance est la première des vertus en matière de politique économique», a pour sa part déclaré le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, dans une interview au Parisien, publiée tard le 31 mai. Réfutant que cette dégradation de la note française puisse représenter un «camouflet» de sa gestion des comptes publics de ces sept dernières années, le patron de Bercy assure qu’il ne changera pas ses orientations budgétaires.

«Et je vais vous dire, en réalité, la raison principale de cette dégradation, c’est que nous avons sauvé l’économie française» durant «le Covid et la crise inflationniste», a-t-il déclaré, affirmant que l’abaissement de la note de la France par S&P n’«aura pas d’impact sur le quotidien des Français». «L’INSEE vient de confirmer que la croissance 2023 a été supérieure aux prévisions du gouvernement à 1,1 % et l’année 2024 démarre sur des bases solides» s’est-il par ailleurs félicité.

Fin mars, l’INSEE avait réévalué le déficit public de la France en 2023 à 5,5% du PIB, ne collant plus aux 5,0 % promis fin 2022 par le gouvernement français. Un dérapage qui n’a pas joué en faveur de la France dans la décision de S&P, l’exécutif français annonçant à la même époque qu’il reviendrait «sous les 3%» à l’horizon 2027.