Russie

Russie : l'économie «revient au-dessus des niveaux d’avant-guerre», constate la Berd

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour l’économie russe. Selon sa cheffe économiste, il était «irréaliste» de croire que les sanctions économiques provoqueraient un effondrement de l’économie russe.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a publié le 15 mai, à l’occasion de son assemblée annuelle à Erevan en Arménie, son rapport sur les perspectives économiques régionales. Dans celui-ci, l’institution financière internationale a notamment rehaussé ses prévisions de croissance concernant la Russie.

En hausse de 3,6% en 2023, grâce au «boom du secteur manufacturier lié à la défense», le PIB russe devrait poursuivre sa croissance de 2,5% en 2024. Un chiffre 1,5 point au-dessus des précédentes prévisions de la Berd, publiées à l’automne 2023, mais qui demeure inférieur à l’année précédente.

«Alors que l’économie revient au-dessus des niveaux d’avant-guerre, la croissance devrait ralentir en 2024», a notamment noté le rapport, après avoir évoqué une reprise économique russe «facilitée par l’augmentation des échanges commerciaux avec la Chine et d’autres économies neutres».

«Il était irréaliste de s'attendre à ce que des sanctions contre la Russie conduisent à une crise» profonde

Suite au renforcement soudain des sanctions occidentales, le PIB russe s’était contracté de 1,2% en 2022. Un chiffre bien en deçà des attentes des chancelleries occidentales. «Je pense qu'il était irréaliste de s'attendre à ce que des sanctions contre la Russie conduisent à une crise économique et financière profonde, comme beaucoup l'espéraient», a commenté auprès de l'AFP Beata Javorcik, cheffe économiste de la Berd. «La croissance russe à moyen terme sera inférieure à ce qu'elle aurait été en l’absence de sanctions», assure-t-elle toutefois auprès de l’agence de presse française, pointant les pertes annoncées début mai par le géant Gazprom.

Au-delà de la résilience de l’économie russe, le rapport souligne également le coup de pouce que la relocalisation de Russes qualifiés a apporté aux économies des ex-pays de l’URSS en Asie centrale et dans le Caucase. Deux zones géographiques, plébiscitées par les Russes, notamment en raison de la «proximité linguistique et culturelle». Ces «migrants russes» vont jusqu’à représenter une part non négligeable de la population des pays d’accueil. «Les nouveaux arrivants en 2022 représentant, par exemple, 3% de la population de la Géorgie et 2,5% de celle de l’Arménie», souligne notamment le rapport.

Ce dernier souligne néanmoins que le «commerce intermédiaire avec la Russie semble avoir atteint un plateau», estimant que l’Asie centrale devrait connaître un léger déclin de sa croissance, s’élevant à 5,4% en 2024, contre 5,7% en 2023.

Les institutions financières internationales réévaluent régulièrement à la hausse leurs prévisions de croissance concernant l’économie russe. En octobre dernier, le FMI relevait ainsi de 0,7 point ses prévisions de croissance pour la Russie en 2023. En début d’année, le président russe avait déclaré que, malgré des «pressions de toutes parts», l'économie russe était «devenue la première en Europe et la cinquième au monde» en termes de parité de pouvoir d'achat.