Economie

Etats-Unis: la naissance du numéro Un mondial de la pharmacie sur fond de polémique fiscale

Les géants Pfizer et Allergan ont officialisé leur fusion pour former le numéro un mondial de la pharmacie. Un mariage économique mais aussi fiscal qui permettra de payer moins d'impôts, à la grande colère de représentants américains.

C'est une fusion à 160 milliards de dollars entre le fabricant du Viagra et celui du traitement anti-rides Botox. Elle constitue le plus gros rapprochement jamais réalisé dans le secteur et la plus grosse union de l'année entre deux entreprises.

Pfizer et Allergan ont structuré leur accord de sorte que formellement c'est le second, pourtant plus petit, qui rachète le premier. Mais, sur le fond, les actionnaires actuels de Pfizer détiendront 56% de la nouvelle entreprise qui doit naître au second semestre 2016, et ceux d'Allergan 44%.

Allergan va permettre à Pfizer de reprendre le titre de premier groupe pharmaceutique mondial avec un chiffre d'affaires combiné de 61,5 milliards de dollars contre 58 milliards au suisse Novartis. Outre le Botox, le portefeuille de la nouvelle entité comprendra le traitement contre les troubles de l'érection Viagra ou encore l'anti-inflammatoire Celebrex et l'anti-cholestérol Lipitor. 

Opération d'évitement fiscal 

Si un géant mondial est ainsi créé, cette fusion est également la plus importante opération d'évitement fiscal jamais réalisée par une entreprise américaine. En effet, elle va entraîner la domiciliation hors des Etats-Unis d'un des grands noms de l'industrie du pays puisqu'Allergan est basé en Irlande. Le taux d'imposition des entreprises basées en Irlande est de 12,5% contre 35% aux Etats-Unis actuellement. En 2014, la facture fiscale de Pfizer était de 26,5%, contre 4,8% à Allergan.

Baptisé «Tax Inversion», l'exil des entreprises américaines via des acquisitions de sociétés installées sur des terres fiscalement plus accueillantes est dans la ligne de mire des autorités américaines.

Le président Barack Obama a personnellement qualifié d'«anti-patriotiques» ces rapprochements, qui causent des milliards de dollars de manque à gagner au fisc américain.

Les deux principaux candidats démocrates à l'élection présidentielle ont également dénoncé cette opération. Hillary Clinton a affirmé que «les contribuables américains en feront les frais» et Bernie Sanders a dénoncé le fait que l'opération permettrait «de nouveau à une entreprise américaine de cacher ses bénéfices à l'étranger».

La fusion Pfizer-Allergan doit encore recevoir le feu vert des autorités de la concurrence et notamment des régulateurs américains. Au vue du tollé, ce n'est pas gagné.