Le mois de septembre a enregistré 110 000 ventes de voitures particulières neuves en Russie, selon un communiqué de l'agence nationale Autostat daté du 4 octobre. Elles dépassent d'à peine 0,6% le niveau du mois d'août, mais représentent une augmentation de 2,5 fois par rapport aux ventes à la même période en 2022. En outre, le volume de ventes sur le marché automobile russe dépasse pour le second mois d'affilée les 100 000 unités, un record depuis janvier 2022, soit près de deux ans. Cinq marques se partagent les deux tiers du marché.
A noter que le premier mois de l'automne en Russie s'est distingué par un record du nombre d'importations de voitures neuves avec 81 000 véhicules importés, dont 86% en provenance de la Chine. Autre particularité, on a assisté pendant ce mois à un envol des ventes de voitures électriques, qui ont été multipliées par huit.
Lada continue de dominer le marché
La marque nationale Lada conserve sa prééminence sur les ventes, avec 35 000 véhicules vendus, soit 32% des ventes en 2023. Pour mémoire, le constructeur de la marque Lada, Avtovaz, était repassé en mai 2022 sous contrôle russe après la cession de 67,69% de ses parts à NAMI (l'Institut central de recherche et de développement des automobiles et des moteurs) par Renault, dans le cadre des sanctions occidentales décrétées contre la Russie. Le groupe français conserve néanmoins pendant six ans la possibilité d’un retour «dans un contexte différent».
La Lada Granta, le modèle le plus accessible et le plus répandu, a atteint des records de vente en septembre avec près de 20 000 véhicules (+48,4%). La Lada Vesta a atteint ses meilleurs chiffres depuis mars 2022 avec 7 301 voitures vendues et la Lada Niva Legend a dépassé son plafond de ventes qui datait de 2014. En tout, de janvier à septembre de cette année, 242 552 Lada neuves ont été mises sur le marché russe, soit 96% de plus que sur la même période l'an passé.
Selon le directeur d'Avtovaz, Maxime Sokolov, qui s'exprimait le 4 octobre via le service de presse de l'entreprise, celle-ci est «prête à maintenir une productivité maximale, avec une fabrication en continu». «Le fait que nous figurions directement dans les listes de sanctions américaines n'a actuellement aucune incidence sur notre travail», a-t-il indiqué. En effet, le 14 septembre dernier, les Etats-Unis ont procédé à un renouvellement sans précédent de leur fameuse «SDN List» (pour Specially Designated Nationals and Blocked Persons List) en y ajoutant plus de 20 personnes physiques et 130 entreprises russes. Maxime Sokolov a toutefois précisé qu'il «ne pouvait exclure l'incidence de facteurs de second ordre, tels que le blocage de paiements étrangers et les livraisons de composants de nos fournisseurs».
Convalescent, le marché russe en mutation
Les excellents chiffres du mois de septembre sont toutefois à remettre en perspective avec l'état du marché en 2013, soit avant la mise en place des sanctions occidentales. Ainsi, selon le communiqué de l'agence Autostat de l'époque, les ventes de voitures neuves en Russie au cours de l'année 2013 s'élevaient à 2,8 millions de véhicules, soit quatre fois plus qu'en 2022.
Pour simplifier, on peut distinguer trois phases de vitalité du marché automobile russe : en 2014, on assiste à une cure d'amaigrissement forcé, avec un marché qui perd la moitié de son volume, passant de 2,8 millions de véhicules vendus en 2013 à 1,4 million en 2016. De 2016 à 2021, il oscille entre 1,4 et 1,8 million de véhicules neufs vendus, avant de s'effondrer de 58,7% en 2022 par rapport à 2021 avec seulement 626 281 véhicules vendus. En comparaison, les 717 310 voitures neuves vendues sur le territoire russe entre janvier et septembre 2023 (+51,1% par rapport à l'année précédente) sont certes un signal encourageant, mais doivent être replacées dans le contexte de l'effondrement des ventes de 2022.
Les marques européennes remplacées
Conséquence des sanctions, la tendance la plus frappante de l'évolution du marché est la disparition quasi-totale des marques européennes ou occidentales. En 2013, les grandes marques françaises (Renault, Peugeot, Citroën) détenaient 9,83% du marché russe, avec 273 000 véhicules vendus. Ce dernier était le troisième marché mondial après la France et le Brésil pour le constructeur Renault, qui devenait lui-même le premier groupe automobile étranger en volume implanté en Russie. Il arrivait après le fleuron russe Lada, qui concentrait 16,5% des ventes. L'Allemagne captait quant à elle 13,1% du marché russe grâce aux ventes cumulées de ses champions Mercedes, Volkswagen, Opel, BMW et Audi. Depuis 2023 et sous l'effet des sanctions, les marques européennes ont été totalement évincées du paysage.
A leur place, on retrouve désormais les constructeurs asiatiques : si on reprend les chiffres de septembre dernier, on constate que les chinois Chery, Haval, Geely, Changan, Omoda, Exeed et Jetour se sont taillés la part du lion en conquérant 46% du marché. Il faut accorder une mention spéciale à Changan pour l'explosion spectaculaire de ses ventes (+2 456% par rapport à l'an dernier). Leurs résultats communs totalisent donc davantage que le champion national Lada. Arrivent ensuite la sud-coréenne Kia et la japonaise Toyota, qui doivent se contenter d'une part de 2% chacune.