Economie

La livre libanaise s'effondre : sur le marché parallèle, il en faut 100 000 pour acheter un dollar

Au taux de change réel qu’offre le marché parallèle, la livre libanaise a atteint son plus bas historique. Mais en raison de sa dépréciation rapide, cela fait déjà des mois que les prix, quand ils sont affichés, le sont en dollars.

La livre libanaise a franchi le seuil record de 100 000 pour un dollar ce 14 mars sur le marché parallèle, ont rapporté à l'AFP les bureaux de change de ce pays où les banques ont repris le même jour une grève illimitée. Le taux de change officiel avait été fixé en février à 15 000 livres libanaises (LL) pour un dollar américain, contre 1 507 depuis 1997. 

Ce nouveau taux officiel de 15 000 LL pour un dollar reste ainsi plus de six fois inférieur à sa valeur observée sur le marché parallèle. Début mars, les supermarchés libanais avaient commencé à afficher les prix en dollars américains, avec l’accord des autorités.

Mais ils avaient déjà cessé d'indiquer les prix des denrées alimentaires en livres. Dans ce pays qui importe 90% de ses marchandises, les restaurants et les magasins ont commencé il y a plusieurs mois à fixer leurs prix en dollars. Selon la Banque mondiale, le taux d'inflation, le plus élevé au monde, a atteint 332% de janvier 2021 à juillet 2022.

Une crise économique doublée d'une crise politique

La crise politique aggrave la situation et le pays est privé de président depuis le 1er novembre dernier. Les partis politiques nationaux n'arrivent pas à se mettre d'accord sur un candidat, les aspirants à la magistrature suprême devant se plier à certaines exigences locales et régionales.

Depuis 2019, le Liban est plongé dans une sévère crise socio-économique. En mars 2020, le pays a fait défaut sur le remboursement de sa dette en devises étrangères, qui s’élevait à environ 32 milliards de dollars (38 milliards aujourd’hui) sur un total proche désormais des 100 milliards de dollars.

Selon un rapport de la Banque mondiale publié à l’automne 2021, le produit intérieur brut a plongé de près de 60% en deux ans (entre 2019 et 2021), soit la plus forte baisse au monde. Il se situait en 2021 aux environs de 21 milliards de dollars, toujours selon les données de la Banque mondiale.