Economie

Faillite de SVB : le gouvernement américain veut éviter la contagion et le renflouement

La secrétaire au Trésor a indiqué que le gouvernement américain voulait éviter que la faillite de la banque SVB ne provoque une contagion au reste du système bancaire. Elle a néanmoins écarté tout renflouement de l’établissement.

«Nous voulons nous assurer que les problèmes qui touchent une banque ne créent pas de contagion à d'autres qui sont solides», a déclaré ce 12 mars la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, lors d'un entretien à la chaîne CBS. Ces déclarations surviennent dans un contexte de fortes inquiétudes sur les marchés mondiaux suite à l’effondrement soudain de la Silicon Valley Bank (SVB).

Le 10 mars, après deux séances cauchemardesques à Wall Street et au bord de l'implosion sous l'effet de retraits massifs de ses clients, l'Agence américaine de garantie des dépôts (FDIC) a pris le contrôle de cette banque spécialisée dans le financement des entreprises de la tech.

Si les grandes banques ont jusqu'ici été épargnées, plusieurs établissements de taille moyenne ou régionale ont dévissé en Bourse le 10 mars, fuis par des investisseurs inquiets. C'est le cas notamment de la Californienne First Republic, qui a lâché près de 30% en deux séances, les 9 et 10 mars, ou de Signature Bank, également amputée d'un tiers de sa valeur.

96% des dépôts ne sont pas garantis

Les deux établissements ont une importante proportion d'entreprises dans leur portefeuille de clients, dont les dépôts dépassent souvent le montant maximum assuré par la FDIC, soit 250 000 dollars par déposant, ce qui pourrait les pousser à retirer leurs fonds. Janet Yellen a expliqué ce 12 mars que le gouvernement travaillait avec la FDIC, à «une résolution» de la situation de SVB, dont environ 96% des dépôts ne sont pas couverts par la garantie de remboursement de la FDIC.

«Je suis certaine (que la FDIC) envisage une large palette de solutions, qui inclut une acquisition» par une autre banque, a déclaré la secrétaire au Trésor. Le sénateur démocrate de Virginie Mark Warner a estimé sur la chaîne ABC que l'annonce, ce 12 mars, d'un rachat de SVB par une institution financière avant l'ouverture des marchés asiatiques serait «la meilleure solution». Les contrats à terme sur les indices phares des Bourses de Tokyo et Hong Kong laissaient présager d'une ouverture en baisse d'un peu moins de 2%.

La secrétaire au Trésor écarte tout renflouement

Janet Yellen a, en revanche, écarté un sauvetage de SVB via une injection d'argent public. «Durant la crise financière (de 2008), des investisseurs de grandes banques systémiques», dont les autorités estiment que la chute présenterait un risque pour l'ensemble du système financier, «ont été secourus» par le gouvernement américain, a-t-elle rappelé. «Nous n'allons pas le refaire.»

En septembre 2008, pour éviter un effondrement du système financier, les autorités américaines avaient ainsi injecté des centaines de milliards de dollars dans la plupart des grands noms de la place. Des fonds que le gouvernement a ensuite récupérés.

Plusieurs personnalités de la finance et du milieu des nouvelles technologies ont plaidé, depuis le 10 mars, pour un renflouement de SVB. Car outre la stabilité du système bancaire, beaucoup se disent préoccupés par les répercussions de la faillite de SVB sur le secteur technologique, américain mais aussi au-delà.

Le spectre d’une réaction en chaîne

SVB se targuait d'avoir pour clients «près de la moitié» des entreprises technologiques et des sciences du vivant financées par des investisseurs américains. «Beaucoup de déposants sont des petites entreprises qui ont besoin de pouvoir accéder à leurs fonds pour payer leurs factures et elles emploient des dizaines de milliers de personnes» aux Etats-Unis, a relevé Janet Yellen.

«C'est un problème et nous travaillons avec les régulateurs pour y apporter une solution», a-t-elle poursuivi. Toujours ce 12 mars, le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a estimé que la chute de SVB posait un «risque sérieux» pour le secteur de la tech britannique. Plusieurs entrepreneurs ont aussi alerté, ces dernières heures, sur une possible onde de choc pour les start-up technologiques indiennes, dont une partie étaient clientes de SVB.

Les remous de la saga SVB se sont aussi propagés au milieu des cryptomonnaies. La devise numérique USDC, dite «stable» car théoriquement indexée sur le dollar, a ainsi chuté depuis le 10 mars après que son créateur, Circle, a annoncé avoir laissé 3,3 milliards de dollars dans les caisses de SVB. Plusieurs autres «stablecoins», censés protéger les investisseurs en cryptomonnaies contre la volatilité légendaire de cette industrie, ont également décroché, comme le Dai ou l'USDD.