Grâce à des records dans le luxe et l'énergie, les bénéfices nets annuels cumulés des entreprises du CAC 40 en 2022 s'élèvent déjà à 140 milliards d'euros, selon un décompte provisoire de l'AFP arrêté le 23 février.
En 2021, les 33 entreprises ayant publié leurs comptes annuels jusqu'ici avaient collectivement dégagé 128 milliards d'euros de bénéfice net part du groupe, (c’est-à-dire limité au prorata des participations dans les filiales), sur environ 156 milliards de profits pour l'ensemble du CAC 40.
Le chiffre d'affaires global pour 2022 de ces 33 groupes dépasse d'ores et déjà les 1 646 milliards d'euros. Les sociétés du CAC 40 qui n'avaient pas encore publié leurs résultats le 23 février avaient réalisé en 2021 milliards d'euros de bénéfice net, mais cela incluait un résultat hors norme pour Vivendi, dopé par une cession.
Le calcul de l'AFP ne prend pas en compte deux groupes, Pernod Ricard et Alstom, qui ont des exercices comptables décalés ne correspondant pas aux années civiles. Selon les estimations des analystes sondés par le fournisseur de données financières Factset, le bénéfice cumulé du CAC 40 devrait malgré tout ressortir en légère baisse sur un an.
Les conditions du marché en 2022, en grande partie dues à l'invasion de l'Ukraine, ont permis au modèle économique du pétrole et du gaz de très bien fonctionner
Mais ce recul masquera des résultats records tous azimuts, à commencer par ceux du secteur de l'énergie et du groupe TotalEnergies qui affiche avec 20,5 milliards de dollars (19,5 milliards d'euros) le plus gros profit de l'indice devant le constructeur automobile Stellantis.
«Les conditions du marché en 2022, en grande partie dues à l'invasion de l'Ukraine, ont permis au modèle économique du pétrole et du gaz de très bien fonctionner», résume Chris Wheaton, analyste du secteur à la banque américaine Stifel.
Le secteur énergétique a dégagé en France 23,2 milliards d'euros de bénéfice net, malgré les importantes charges comptabilisées par le géant Engie qui plombent le résultat cumulé et masquent une forte hausse du bénéfice d'exploitation.
Le luxe ne connaît pas la crise
Le luxe, avec LVMH, Kering, Hermès et L'Oréal, a également vu ses bénéfices gonfler, avec un bond de 23% au total, soit 4,5 milliards d'euros de plus sur un an, et une progression de 80% comparé à 2019.
La raison : les hausses des coûts de la production ont été répercutées sur les prix de vente aux clients. Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH, interrogé par l’AFP, a ainsi expliqué que pour «le luxe de manière générale et en particulier chez [LVMH], les prix augmentent toujours». «Nous sommes dans une stratégie qui est de faire oublier le prix et de vendre des produits plus chers mais plus sophistiqués», a-t-il ajouté.
De son côté, le fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics, qui signe la deuxième plus forte progression de son bénéfice net, a profité de la «forte demande» mondiale pour la denrée rare des puces électroniques.
En Europe, l'année 2022 était encore celle du «rattrapage», après la pandémie de Covid-19, et a été marquée par les pénuries qui ont tiré les prix, note Mathieu Meyer, du cabinet EY en Allemagne.
Société générale à la peine après son départ de Russie
La guerre en Ukraine a toutefois laissé des traces sur les résultats, comme chez ArcelorMittal, plombé par un milliard de dollars de provisions pour couvrir ses pertes ukrainiennes. De son côté, TotalEnergies a réalisé son bénéfice record en dépit d'une provision de 15 milliards de dollars liée à la Russie.
Quant à Société générale, son bénéfice net a été quasiment divisé par trois sous l'effet de la cession de sa filiale russe Rosbank, ce qui ne l'empêchera pas de le reverser presque intégralement à ses actionnaires avec une hausse du dividende.
Plus généralement, aucune entreprise ayant publié ses résultats n'a baissé son dividende. Certaines ont annoncé de vastes programmes de rachats d'actions dans le but de soutenir leur cours en Bourse.
Enfin, le tableau est contrasté pour l'industrie automobile, avec un bénéfice record de 16,8 milliards d'euros pour Stellantis mais une perte de 338 millions d'euros pour Renault, après une charge de 2,3 milliards d'euros causée par la vente du fabricant russe de la marque Lada, décidée après le début du conflit en Ukraine.