Le géant britannique des hydrocarbures Shell a annoncé ce 2 février avoir réalisé en 2022 le bénéfice annuel le plus élevé de son histoire, totalisant 42,3 milliards de dollars. Un bénéfice plus que doublé sur un an et dopé par les cours élevés des hydrocarbures.
Comme d'autres majors pétrolières, Shell a vu son résultat dopé par le rebond de la demande, qui avait chuté pendant la pandémie de Covid-19, et par la baisse des exportations russes dans la foulée du conflit en Ukraine.
Cette annonce de Shell intervient dans la foulée de celles des majors américaines ExxonMobil, qui a annoncé le 1er février un profit record de 55,7 milliards de dollars en 2022, et Chevron, qui avait publié fin janvier un bénéfice annuel net plus que doublé à 35,5 milliards de dollars.
26 milliards redistribués aux actionnaires
Le bénéfice net ajusté de Shell (c'est-à-dire hors exceptionnel), le ratio le plus suivi par les analystes de Shell, est ressorti à 39,9 milliards de dollars l'an dernier.
Il s'agit du bénéfice annuel le plus élevé jamais réalisé par Shell, a précisé à l'AFP une porte-parole du groupe, qui indique dans un communiqué avoir vu ses revenus dopés notamment par «des prix et des marges de raffinages plus élevés».
Sur le seul quatrième trimestre, le bénéfice net a progressé de 54% à 10,4 milliards de dollars, tiré en particulier par les prix du gaz naturel liquéfié (GNL). Le groupe annonce un programme de rachat d'actions de 4 milliards de dollars ainsi qu'une hausse de 15% du dividende pour le quatrième trimestre de l'an dernier. Au total, Shell distribue 26 milliards de dollars à ses actionnaires pour 2022.
Ces résultats «démontrent la force du portefeuille différencié de Shell, ainsi que notre capacité à fournir une énergie vitale à nos clients dans un monde instable», s'est félicité dans un communiqué le nouveau directeur général de Shell Wael Sawan, qui a remplacé Ben van Beurden le 1er janvier.
«Méga-pollueurs» : Greenpeace monte au créneau
Mais ces profits record alimentent aussi les critiques des organisations de défense de l'environnement et les appels à mettre les géants pétroliers davantage à contribution face à la crise climatique.
«Shell profite de la destruction du climat et de l'immense souffrance humaine», a dénoncé dans un communiqué Elena Polisano, de Greenpeace UK, estimant que les dirigeants mondiaux «devraient forcer les méga-pollueurs historiques à alimenter» un fonds «pour les pertes et les dommages causés par la crise climatique».
Le gouvernement britannique a introduit en mai, puis augmenté en fin d'année à 35%, une taxe sur les bénéfices énergétiques exceptionnels, tout comme l'UE qui a adopté fin septembre une «contribution temporaire de solidarité».