Alors que l'Union européenne a annoncé le 1er juin un embargo sur 90% du pétrole russe d'ici la fin de l'année, Pékin entend renforcer sa coopération énergétique avec Moscou. Le 29 novembre, lors du 4e Forum d'affaires Chine-Russie sur l'énergie, le président chinois Xi Jinping a fait savoir que son pays était disposé à «travailler avec la Russie pour forger un partenariat énergétique plus étroit», rapporte l'agence de presse chinoise Xinhua.
Le président chinois a également mis en exergue la solidité de ce partenariat russo-chinois «face aux risques et aux défis extérieurs» et assuré que Pékin était «prêt à s'associer à la Russie pour favoriser le développement d'énergies propres et vertes, ainsi que pour défendre la sécurité énergétique internationale et la stabilité des chaînes industrielles et d'approvisionnement dans le monde».
Dans la même veine, Vladimir Poutine a souligné dans un message aux participants l'importance de ce partenariat. «Ces dernières années, les liens bilatéraux dans les domaines du pétrole, du gaz ainsi que du charbon et de l'électricité ont atteint un niveau très élevé», a-t-il souligné rappelant au passage que «des projets conjoints à grande échelle visant à construire des centrales nucléaires en Chine et à produire du gaz naturel liquéfié dans l'Arctique russe sont mis en œuvre de manière planifiée».
«Le Forum d’affaires Russie-Chine sur l’énergie joue un rôle croissant dans le développement de la coopération dans un domaine aussi important de l'économie, en offrant un dialogue stable entre les représentants des agences gouvernementales, des principales entreprises du secteur, des institutions bancaires et des experts des deux pays», a-t-il ajouté.
Présent au forum, le vice-président de la CNPC (China National Petroleum Corporation) Huang Yongzhang, a déclaré : «Le niveau des approvisionnements en gaz de la Russie vers la Chine via la route de l'Est devrait être constamment augmenté». Cité par l'agence TASS, il a précisé que «les parties [poursuivaient] leur coopération dans ce domaine».
En dépit d'un contexte international morose, la coopération énergétique entre Moscou et Pékin se porte bien
De son côté, Igor Sétchine, directeur général de l'entreprise russe Rosneft, a déclaré que Moscou se classait au deuxième rang en termes d'approvisionnement en pétrole du marché chinois, le volume d'approvisionnement augmentant de 9,5% à 72 millions de tonnes de janvier à octobre, rapporte pour sa part le journal chinois Global Times.
Le gazoduc transfrontalier Force de Sibérie long de 3 000 kilomètres (qui relie la Iakoutie à l'est de la Chine) a commencé à livrer du gaz naturel russe à la Chine en 2019. Sa capacité est de 61 milliards de mètres cubes (mmc) de gaz par an, dont 38 mmc pour l'exportation.
Malgré le contexte économique international incertain, les liens commerciaux sino-russes sur le plan énergétique demeurent importants. Comme le rapportent Les Echos fin octobre, les importations énergétiques chinoises en provenance de la Russie − notamment du gaz naturel liquéfié et du charbon − ont dépassé les 50 milliards de dollars depuis fin mars, un record.
A ce titre, le renforcement de cette coopération énergétique va se concrétiser avec la construction d'un nouveau gazoduc. Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, avait en effet déclaré le 15 septembre, sur la chaîne de télévision Rossia-1, que le gazoduc Force de Sibérie 2, en discussion depuis plusieurs années entre Moscou et Pékin, «remplacera[it]» Nord Stream 2. Ce dernier devait relier la Russie à l'Europe via l’Allemagne mais sa mise en service a été ajournée depuis le conflit en Ukraine.
Force de Sibérie 2 pourra ainsi permettre la livraison de 50 milliards de mètres cubes de gaz par an. Il alimentera ainsi l'économie chinoise en partie via la Mongolie. La date de début de construction est fixée à 2024.